L'âge de glace 4 : la dérive des continents est l'exemple parfait de l'industrie du cinéma pour enfants de nos jours. Dès lors qu'une franchise peut être mise en place, le ou les producteurs en mal d'argent va vouloir épuiser chacune des ressources de l'histoire afin de pouvoir refourguer au spectateur incrédule de nouvelles aventures, réchauffées au micro-ondes. Seulement voilà, on finit par se lasser et pire, l'image de qualité que peuvent dégager les prédécesseurs est amoindrie. Après Shrek et ses trop nombreuses suites, l'âge de glace est à un point où il ne fait plus bon trainer avec les espèces en voie de disparition.

Il est d'ailleurs assez paradoxal de voir un film traiter du réchauffement climatique et adopter un point de vue écologique - simpliste certes mais tout de même - répéter les mêmes erreurs que nous faisons. L'épuisement des ressources sur Terre est un sujet d'actualité, il faut se protéger de nos actes et pourtant les producteurs continuent d'exploiter un filon dont on aurait dû prendre soin, dont on aurait dû utiliser les ressources de manière responsable. Aussi l'idiotie de Sid ne fait plus guère sourire, Mani et sa troupe sont devenus stéréotypés et Diego n'est plus que l'ombre d'un chaton amoureux. Quant à Scratch... Et bien sa cupidité est toujours telle qu'elle peut provoquer des catastrophes naturelles. En ce sens, on se demande même si le film n'est pas autobiographique tant on a épuisé le stock naturel de gags inhérent à cet univers. Autodérision ou simple stupidité ?

Ce qui frappe le plus avec ce quatrième opus c'est avant tout l'écart de niveau avec tout ce qui a été fait avant dans la franchise. A l'origine, les films se veulent décalés, écrasant les archétypes du genre tout en caressant dans le sens du poil les plus sceptiques, les gags sont intelligents, les rebondissements surprenants, on se marre franchement et les sous-entendus sont légion. Ici, que nenni. On veut toucher les enfants/adolescents. Alors on adopte un langage jeune qui n'existe pas même sur Mars (ou alors la jeunesse est vraiment entrée dans une période de décadence sans précédent) et on caricature au maximum tout ce qui peut faire partie, de près ou de loin, aux relations familiales et plus particulièrement aux relations parents/enfants. Qu'on se le dise, c'est excessivement énervant.

Pourquoi ce généreux 5/10 alors ? Pour quelques moments savoureux et notamment pour cette grand-mère déjantée trop rare à l'écran et son animal de compagnie. Pour la nostalgie d'une série de films qu'on aimait voir et pour laquelle les éclats de rire étaient sincères. Enfin, pour les scénettes de cet écureuil, idiots parmi les idiots, qu'on adore toujours autant, même avec un tant soit peu de recul. Généreux aussi pour tous les défauts dont on a parlé et surtout - et il est important de le souligner - à cause de ce générique pour pré-pubères à la sauce High School Musical dont on se serait bien passé. Une fois n'est pas coutume, on s'empresse de quitter une salle surpeuplée de jeunes gens souriants et d'adultes mécontents.

L'épisode de trop en somme. En espérant que les producteurs arrêtent de lorgner sur le joli pactole inhérent à la franchise et sa sortie en salles pour retrouver une once de bon sens : le cinéma doit rapporter mais c'est un art avant tout et certains semblent l'oublier.
Carlit0
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le 21 juil. 2012

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