La nouvelle de Philip K. Dick à l'origine de ce film, « Rajustement », traite d'un homme qui se retrouve témoin d'une étrange scène, alors qu'il arrive en retard à son travail : des hommes en combinaison sont en train de transporter un étrange matériel sur son lieu de travail, alors que tout autour de lui est soudainement devenu gris, y compris les êtres humains, également devenus immobiles... Les explications sur le pourquoi du comment viendront bien évidemment au fil du récit.

Le film, dans son premier tiers, est assez fidèle à la nouvelle. On découvre l'intrigue en même temps que le personnage principal (devenu politicien), joué par Matt Damon. Le suspense est bien dosé, on suit le déroulement avec intérêt. Malheureusement, ce qui aurait pu devenir une intéressante réflexion sur les choix, le libre arbitre, devient un classique film d'action, accompagné d'une histoire d'amour d'une banalité affligeante car déjà vu une bonne centaine de fois... C'est là que le bât blesse : la nouvelle se tient sur son seul concept (en utilisant un des thèmes dickiens par excellence : la distorsion de la réalité, ou l'existence d'une réalité sous-jacente), mais le film lui, doit aller plus loin pour tenir sur la longueur. Et malgré quelques bonnes trouvailles visuelles, le tout s'essouffle rapidement, car tournant à vide, jusqu'à une fin évidemment trop prévisible, totalement dans le ton du Hollywood bien pensant. Dommage, car il y avait vraiment matière à faire beaucoup mieux. Mais pour cela, il aurait fallu se dire que les spectateurs sont capables de réfléchir et d'aller plus loin qu'un simple film d'action dégoulinant de guimauve.

La nouvelle d'origine de Dick est également, comme souvent avec l'auteur, une nouvelle à chute, chute qui ne résout rien, mais permet de « boucler la boucle ». Malheureusement, rien de cela dans le film, là encore par trop hollywoodien... Mais tout n'est pas noir, la photo est très réussie (New York est bien mis en valeur), les acteurs font leur job correctement (sans génie mais bon...). Mais qu'est ce qu'on est loin de l'univers décalé/bizarroïde de Philip K. Dick !...

Adaptation poussive donc, car manquant de substance, et trop prévisible dans son déroulement. Adapter une nouvelle n'est sans doute pas chose aisée (un autre exemple arrive bientôt sur le blog), les bons exemples ne manquent pourtant pas... Cette tentative n'en fera pas partie...
Lorhkan
5
Écrit par

Créée

le 2 févr. 2012

Critique lue 311 fois

1 j'aime

Lorhkan

Écrit par

Critique lue 311 fois

1

D'autres avis sur L'Agence

L'Agence
Sylfaen
8

Critique de L'Agence par Julien Camblan

Une comédie romantique très correcte sur fond de fantastique et de théologie. Les aspects fantastiques sont survolés, inexpliqués, on n'a d'autre choix que de les accepter - comme les personnages -...

le 26 mars 2011

34 j'aime

2

L'Agence
Torpenn
2

Un Dick très cinématographiquement mauvais

Une production conséquente des studios hollywoodiens, 50 millions de budget, une méga-star internationale (oui, Matt Damon, ça fait bizarre de l'imaginer dans ce rôle, mais bon...), un réalisateur...

le 12 juin 2011

27 j'aime

38

L'Agence
SlashersHouse
7

Nous étions tous les deux destinés...

Matt Damon, Emily Blunt, Philip K. Dick, métaphysique, humanisme, individualisme, destinée, fatalité, amour. Un mix peu évident, et surtout sur lequel on peut se casser les dents, à moins que l'on...

le 23 mars 2011

18 j'aime

2

Du même critique

Le Maître du haut château
Lorhkan
5

Critique de Le Maître du haut château par Lorhkan

Ce roman est mon premier de Philipp K. Dick. Et oui, il n'est jamais trop tard. Par contre, d'après ce que j'ai pu lire à droite à gauche, ce n'est pas franchement le plus simple à appréhender quand...

le 28 déc. 2010

42 j'aime

10

Le Déchronologue
Lorhkan
9

Coup de coeur (de pirate, hum...) !

Oui, bon ok, passons sur le jeu de mot foireux du titre de cette critique pour se pencher un peu sur l'œuvre en elle même. "Le Déchronologue" est un livre de SF, mais l'aspect science-fiction ne...

le 25 mars 2011

31 j'aime

Janua Vera
Lorhkan
9

De la bonne fantasy française !

Je suis conquis par ce recueil de nouvelles ! J'ai été subjugué par "Mauvaise Donne" (j'ai hâte de retrouver Benvenuto dans "Gagner la Guerre", il me rappelle un peu bien sûr Locke Lamora, avec moins...

le 14 nov. 2010

23 j'aime

8