Blockbuster d'entre deux-guerres

Friedrich-Wilhelm Murnau aurait bénéficié d'un budget illimité pour réaliser L'Aurore... Et franchement, vu le scénario et son final, ce drame a tout du blockbuster d'entre-deux guerres...

Clairement, on ne pourra pas reprocher au film de ne pas étonner, de ne pas émerveiller par la beauté de ses décors et par la créativité de certains de ses plans - superposés ou/et en perspective, ou encore lorsque des lettres se noient... C'est assez prodigieux. L'actrice principale m'a également beaucoup plu, et si le fermier et sa femme sont très beaux, physiquement très modernes, l'acteur lui alterne le très bon (lorsqu'il pleure) et le très mauvais (il surjoue beaucoup), je trouve...

La musique, évidemment, s'avère très présente puisque c'est un muet, et si sa phase dramatique fonctionne dans un premier temps, elle devient au bout d'un certain temps trop envahissante... Quel bonheur lorsque le clocher de l'église se met à sonner et que celle-ci s'arrête ! Mais le problème se situe surtout au niveau de l'histoire : si celle-ci tient la route, les changements d'état d'esprit des deux protagonistes sont bien trop rapides et faciles, on dirait deux schizos... Et si j'ai bien apprécié le passage chez le barbier, avec le coup du couteau et de la fleur notamment, le final en mode blockbuster m'a bien irrité, faisant perdre au film ce comble d'ironie qui l'aurait rendu tellement plus fort et plus cohérent...

Encore un de ces fameux mythes que tout cinéphile se devrait d'acclamer mais qui pour ma part, en dehors de son esthétique et de quelques séquences très bien trouvées, m'a par moments ennuyé, et au final relativement déçu...

6,5/10