Pour ce film destiné aux enfants de l'âge de Ducobu et Léonie, l'important était de retrouver rapidement l'univers de la BD. Assez bien conservé, il faut dire: l'immonde école-caserne taguée de briques censées orner la façade, la cour de récré concentrationnaire, Monsieur Latouche étriqué, hystérique et un peu minable dans sa vanité lilliputienne; l'obsession de la table de multiplication, la légendaire dictée sur les hyménomycètes et les géasters...
On ne pouvait suivre la logique de la série de gags; cela ne construit pas une histoire; trop de ratages d'adaptations BD antérieures nous le font douloureusement savoir. Aussi fallait-il un récit et une progression. De ce côté-là, on n'a pas lésiné sur les repères: le déroulement d'une année scolaire, très lisible; la problématique de Ducobu (éviter d'aller en pension); et, s'il vous plaît, trois relations amoureuses plus ou moins nouées: entre Monsieur Latouche et la prof de musique, entre Monsieur Ducobu et Madame Gratin, entre Léonie et Ducobu.
Ducobu, ici, est surtout un fainéant débrouillard; on a épargné au spectateur l'océan de bricolages destinés à copier sur Léonie; on n'en a retenu qu'un ou deux, car c'est tout de même la base, ainsi que la boutique "Tout pour le cancre". En revanche, Ducobu n'use guère de son langage châtié et recherché, et la classe nature est bienvenue pour clarifier de nombreuses situations, à commencer par celle de Monsieur Latouche qui lâche enfin son manuel de drague pour les Nuls.
On n'a pas osé trop animer Néness, le squelette de Sciences Nat; les seules scènes d'irréalités sont dans les fantasmes des uns et des autres.
C'est un film pour cour de récré. Ne cherchons pas à y trouver ce qu'il n'a jamais voulu donner, sous peine de dégoûter son public naturel.