L'Étrange Pouvoir de Norman par Ninesisters
Alors je vous le dis franchement, ce film commence mal. Le héros est le cliché moderne de tout scénariste abreuvé à Spiderman ou martyrisé à l'école : le "gentil asocial en puissance qui s'en prend plein la gueule sans raison juste parce qu'il est différent". Classique, mais j'aurais rarement vu un cas aussi dénué de toute subtilité : l'univers s'acharne sur Norman durant la première demi-heure, entre une école où tout le monde le déteste, un père qui le rejette parce qu'il ne fait pas de sport, et blablabla, alors qu'il est super gentil et tout et tout. C'est lourd, bordel ! Tiens, cela me rappelle un épisode d'American Dad : un adolescent arrive à l'école avec un appareil orthopédique, à peine entré tout le monde s'arrête et le toise, et un membre de l'équipe de football américain le pointe immédiatement du doigt et crie : "DIFFÉRENT !!!". L'instant d'après, les autres élèves lui balancent des détritus à la figure. Sauf que dans American Dad, il s'agit d'une caricature de ces situations récurrentes depuis que les nerds ont pris le contrôle d'Hollywood ; alors que dans L'Étrange Pouvoir de Norman, difficile de savoir s'il s'agit d'une parodie bien trop lourde, ou d'une technique mal dosée pour générer de l'empathie envers le héros...
C'est un peu le problème de tout le film, en fait : ses intentions sont compliquées à lire, et ce qui apparait à un moment comme un hommage au cinéma d'horreur ou comme de l'humour, se transforme la scène suivante en une énorme bêtise ; avec en premier lieu la sempiternelle foule en colère, dont les réactions sont tout simplement hallucinantes, mais sans que cela ne soit jamais drôle. Soit c'est de l'humour raté, soit c'est un délire bien trop perché pour le pauvre spectateur inculte que je suis, soit ce film se plante tout simplement dans les grandes largeurs. Et malheureusement, je serais plutôt enclin à privilégier cette dernière hypothèse.
Et c'est dommage, car il possède son lot d'atouts. A commencer par sa technique d'animation impressionnante, qui permet aux réalisateurs de générer de vrais instants d'épouvante et de tension. De plus, il y a des trouvailles, notamment une révélation savoureuse qui donne un sens nouveau à l'histoire.
L'Étrange Pouvoir de Norman apparait donc au final comme une œuvre paradoxale : magnifique sur la forme et riche en bonnes idées, mais avec tout autant de fausses notes, et un message sur la tolérance et la différence vu des milliers de fois (minimum) depuis Breakfast Club, mais en beaucoup mieux.