L’Homme à la caméra est sans nul doute considéré comme le chef d’œuvre du cinéaste Dziga Vertov, défenseur du Ciné-Vérité. Ce dernier correspond à une volonté de faire du cinéma réaliste, prenant sur le vif le monde qui l’entoure sans aucun artifice. La vérité vient au spectateur, conscient qu’il est lui-même spectateur d’une œuvre filmée.
L’œil de Vertov nous présente la ville d’Odessa et le quotidien de ses habitants sous toutes ses coutures. En ça, le film est un document précieux sur l’apparence d’une ville soviétique de la fin des années 1920.
L’Homme à la caméra enchaîne à grande vitesse les plans grâce à un montage très rythmé. A mes yeux, il est « futuriste » dans la mesure où il s’intéresse au mouvement des Hommes, et surtout à celui des machines. Or, la machine est le sujet principal du film vu que l’on s’intéresse à la caméra. Si fascinante, si hypnotique. Au-delà de ça, l’œuvre nous pose déjà, alors que le Cinéma était encore un Art jeune, la question de celui qui film. Cette mise en abyme avec l’opérateur filmeur et filmé Mikhaïl Kaufman nous interroge tout comme les spectateurs présents dans le film. Cette question de représentation est inhérente à la place qu’occupe maintenant ce film-manifeste au sein de l’Histoire du Cinéma.
Situé entre le film expérimental et le film documentaire, L’Homme à la caméra nous offre des plans audacieux devenus mythiques. Par exemple, l’amusement des spectateurs – et le nôtre – en voyant la « danse » robotique de la caméra. En plus de ça, ces images fascinantes varient avec des effets multiples comme celui du ralenti, de l’accélération ou encore des surimpressions. Les saynètes du quotidien des habitants se succèdent telle une variété de tableaux.
Encore aujourd’hui, nous sommes bercés par les plans qui se suivent à un rythme époustouflant. Ce film fou est décidément une expérience visuelle intéressante et obligatoire pour tous les amoureux du cinéma !