Reprenant des pans entiers de l’œuvre de Curtiz, De Toth parvient dès les premiers instants à légitimer la nécessité de ce remake par le biais de mouvement de caméra réellement impressionnants. Fluides, ces derniers offrent une mise en lumière particulière à un des acteurs les plus doués de sa génération, voir même de tous les temps. Vincent Price excelle en effet dès les premières secondes grâce à un charisme exceptionnel. Evoquant les plus grands vengeurs de l’histoire d’un cinéma passé et futur, l’acteur parvient à tirer la quintessence de son personnage. Qu’il soit pris dans l’incendie de départ, qu’il échafaude son plan de vengeance ou qu’il entreprenne de tuer ses ennemis (ou de modestes inconnus), le Professeur Jarrod excelle, se transformant petit à petit en l’un des plus grands savants-fous de l’histoire du cinéma.
L’Homme au Masque de Cire fut tourné et projeté en relief, marquant là les premiers pas de la Warner dans cette innovation technique vite muée en argument marketing imparable.
D’où certaines séquences un peu gratuites qui s’amusent à projeter toutes sortes de choses en direction des spectateurs, notamment le French cancan auquel assistent les deux jeunes héros du film, ou le bateleur qui attire le public dans le musée de cire en tapant sur des balles avec ses raquettes de ping-pong.
Par une cruelle ironie du sort, André de Toth, privé de l’usage d’un de ses yeux, n’eut jamais la possibilité d’admirer son chef-d’œuvre en relief. Vincent Price, quant à lui, acquit définitivement ici son statut dans l’épouvante.
Jusqu’à un final tout simplement grandiose, lorgnant à nouveau fortement vers l’œuvre de Michael Curtiz, la caméra de De Toth virevolte et consacre définitivement Vincent Price au rang de star. Réussite tant sur le fond que sur la forme, L’Homme au Masque de Cire fait partie de ces chefs-d’œuvre indétrônables et inoubliables qui nous font regretter les temps passés.