Dans le tumulte des événements de mai 1968, notre trop bon Pierre Richard sous les traits d'un avocat, Jean-Philippe Duroc, fait du zèle pour défendre son client, Gaulard joué par Victor Lanoux. Pourquoi ? La seule raison que nous donne le récit est émise par le poste de télévision ; Maître Duroc est "gauchiste". Alors, durant la visite de l'avocat à son client, la prison est pris d'une émeute. L'instigateur ? Duroc, évidement pour les pouvoirs publics. Toutefois, il n'en n'est rien. Pierre Richard ne nous joue pas là un personnage engagé, ni même un "gauchiste". Pierre Richard, comme à son habitude nous fait du bon Pierre Richard. Sa silhouette mince qui s'agite élastiquement, son esprit naïf et enfantin font qu'il est trimbalé à la guise de son client dont il doit demander la grâce présidentielle.
La grâce, parlons en ! L'intrigue du côté du personnage de Duroc tourne autour de sauver Gaulard de la peine capitale, par la grâce présidentiel. Et oui, au bout d'un road-trip franchouillard, nullement mal réalisé et allègue sur fond de musique folk en franglais (Hey ! jolie mois de may) se trouve (ou pas) la signature du Président de la République, De Gaulle. Sonnez trompette, jetez pavés, criez "CRS, SS", De Gaulle sauvera-t-il Gaullard ? Le récit s'en fout ! Non, Oury veut avant tout montrer l'amitié de deux hommes que tout oppose, a priori. 68 ? c'est pour rire !
La cadre de mai 1968 sert à offrir un terrain propice pour le gag. Villes de France en pleine émeutes, riches apeurés par la "révolution" transportant toutes leurs richesses "volées" dans une Rolls, rareté du l'essence, rythment ce road-movie. Faut-il nécessairement classer ce film politiquement ? Un Pierre Richard contre la peine de mort qui nous sert du "CRS SS", film de gauche. Un Pierre Richard qui fait des courbettes à De Gaulle, répétant bêtement les règles de bonne conduite durant une carapate avec son client, film de droite. Non, je ne pense par que classer politiquement ce film nous servent à grand chose.
Alors, c'est quoi La Carapate ? C'est juste une petite comédie sympathique sur des événements politiques dont, 10 ans plus tard, on commence à entre'voir le caractère dérisoire. Une agréable histoire où légalité et illégalité se marient sur l'hôtel du rire. La représentation d'un ordre social qui imagine, gère et régule les tensions qu'il fait naître... Et si c'était ça, la conséquence de la révolution culturelle de mai 68 ?