Tennessee, tu m'as déçu.
Si si, ne regimbe pas, tu te l'es joué un poil facile sur ce coup-là.
OK, tu vas me dire, j'ai pas vu la pièce, et si ça se trouve, y autant de distorsion entre le texte de base et la version cinéma qu'il y en a eu pour "doux oiseaux de jeunesse".
Peut-être.
Il n'empêche.

Y a deux trois grosses ficelles qui auraient pu être évitées, non, Tennessee ?
La famille du frère de Brick (Paul Newman), là, Gooper, quand même...! Un peu lourdaude, non ? Le coup des enfants qui braillent sans arrêt pendant la soirée, toujours prêts à chanter, jamais fatigués, jamais faim (alors que gros et "sans cou"), tous mal-élevés et haineux de la tante Maggie (Elizabeth Taylor). Les parents, jetant les papiers de succession à la figure de la mère alors que le père est encore chaud (c'est le cas de le dire), à la cave ? Un peu plus de finesse n'eut pas nuit, non, Tennessee ?

Que tout le monde se haïsse dans toutes les pièces de la maison, d'accord, mais bon, c'est un peu systématique, non ? (je me vois peut-être un peu trop d'adaptation de toi, Tennessee en ce moment, peut-être, mais qu'importe, après tout ? Le talent est le talent, et il ne peut se satisfaire de facilités).
Enfin, la relation père-fils manque un poil d'épaisseur et d'inattendu. Le propre d'oeuvres comme celles que tu as l'habitude d'écrire, tu vois Tennessee, c'est de nous éclairer sur nos propres vicissitudes, de nous permettre d'entrevoir la trivialité du quotidien sous un jour suffisamment différent pour que nous puissions vivre ce qui reste de notre parcours autrement, et pourquoi pas meilleurs... J'aime à me dire que je me sens un peu plus complet en ayant vu des films tirés de tes pièces, Tennes (tu permets que je t'appelle Tennes ?) que celui qui n'a pour seul horizon que l'intégrale de "plus belle la vie" (qui se déroule dans une fort agréable cité par ailleurs).
C'est vrai, pour le coup, ce "tu ne m'as jamais aimé, papa" me semble un poil court. Moins une, j'ai l'impression que mon histoire personnelle pourrait être présentée de manière plus riche et dramatique que cette plongée dans une relation filiale un brin superficielle. D'autant que je bois presque autant que Brick.
(ah tiens... c'est peut-être pour ça que...)

Bon, restent les acteurs, fabuleux, des lignes de dialogues, grandioses, et même une mise en scène (Richard Brooks, qui récidivera avec Newman et toi, Tennessee avec les fameux "doux oiseaux") qui est, ma foi, assez réussie et qui permet d'oublier l'aspect toujours un peu statique d'une adaptation de pièce (et cette remarque vaut aussi pour les doux oiseaux).

Bref, Tennesse, je te le dis: bien, mais peu mieux faire. Tu feras attention, à l'avenir OK ?
C'est la dernière fois que je te le dis.
Allez, la bise, quand même. Et t'embrasse madame.

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le 28 juil. 2011

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guyness

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