Sorti en premier dans la bataille stupide de "Qui va sortir en premier une nouvelle itération de La guerre des boutons ?", cette version-là se veut plus proche du roman de Louis Pergaud, mais c'est quasiment un remake du film d'Yves Robert, car il se situe à la même époque (les années 60). On y trouve aussi quelques points communs, à l'instar du tracteur et qu'un groupe d'écoliers se bat quasiment nu pour ne pas avoir à donner ses boutons au clan adverse.

J'aime le cinéma français pour son orignalité, pour ses acteurs, pour sa liberté, pour ses dialogues, mais là, ça va quasiment à l'encontre de mes convictions cinéphiliques. Certes, j'aurais pu ne pas le voir, mais je ne peux critiquer que quand je vois le film en question, et comme j'adore le roman de Pergaud, ça m'intéressait d'avoir un nouveau regard dessus. N'oublions pas que le film d'Yves Robert, aussi réussi soit-il, n'est pas totalement fidèle au livre, ce qui n'est pas une mauvaise chose à mes yeux, mais il est le seul à avoir su en capter l'esprit, ce qui est plus important.

Dans un sens, je pourrais dire la même chose que sur la version de Barratier, mais ce dernier a tenté au moins de se démarquer (plus ou moins) intelligemment, et il est plus fidèle dans l'esprit, car je ne me souviens pas dans le livre de Pergaud que les bandes de gamins s'affontaient, jusqu'à tenter de se tuer.
Mais c'est un film dont je ne vois pas la sincérité, dont je ne crois pas ce que je vois, dont les mots dits ne sonnent pas justes une seconde. Là, si on compare au film de Robert, son petit Gibus était crédible, il avait l'âge son rôle, et on ne tentait pas de lui placer des mots comme un singe savant. Ici, je n'y crois pas, car on voit clairement les séquences où le gamin cherche sa vanne, le regard vide en attendant de savoir quoi dire.
C'est cool, mais je ne paie pas pour voir des rushes.

Ensuite, comme c'est aussi un film qui ne peut pas reposer que sur des enfants, on a des têtes d'affiche pour donner de la consistance au produit, enfin, c'est un grand mot. Mathilde Seigner nous refait pour la énième fois son rôle de poissonnière, Fred Testot a l'air de s'en foutre, Alain Chabat est encore en roue libre (il devient malgré lui notre Ricky Gervais national ; un génie à la télévision, et ne fait presque rien de bien au cinéma), et il y a Eric Elmosnino qui est sympa, car ce type-là respire la bonhommie.
Pour le côté sulfureux du livre de Pergaud, oubliez les petits gaçons tout nus, la scatologie, l'ivresse, c'est un festival de "couilles molles" qui nous est donné.
Quant à la réalisation, je crois que Yann Samuell est irrécupérable ; soit il veut devenir le fils spirituel de Jean-Marie Poiré avec ses faux raccords à foison, soit il ne sait pas tenir la caméra en tournant des scènes d'action à l'épaule qui nous feraient penser à du Jason Bourne. Oui, Jason Bourne.
Tout comme chez Barratier, une fille joue un rôle important dans l'histoire. SI elle joue aussi faux que les autres, sa présence apporte un vrai malaise déontologique, car en la voyant, en la regardant devenir ce qu'elle va être à la fin du film, il est impossible de ne pas faire un parallèle entre elle et une certaine Ségolène R., d'autant plus qu'elle a une vague ressemblance. Quant à ses derniers mots, c'est une extension des primaires socialistes ou quoi ? Dans un film pour enfants !
Je ne parlerais pas de la fin, d'une niaiserie à donner le diabète à ceux qui raffolent de la guimauve, mais il y a une scène de pluie dont on voit clairement que Roger, l'accesoiriste, a appuyé sur le bouton pour faire déclencher une trombe d'eau en une seconde. La magie du cinéma, on vous dit !
Il faut rappeler que ce film-là et celui de Barratier cumulent quasiment 30 millions d'euros à eux deux et ont occupé 1200 salles à leurs sorties. Bon alors, soit on me dit que le cinéma français se porte mal, qu'on ne peut pas financer des projets à 500 000 euros et des poussières, mais comment expliquer qu'on finance deux films comme ça ? Dont le semi-échec respectif a eu le bon ton de les faire redescendre de leur tour d'ivoire ?
Donc non, en voyant ça, je me dis que le cinéma français se comporte très bien, voire se comporte de manière bourgeoise, et qu'il y a de l'argent à gogo pour les producteurs en herbe.

Pour finir, désolé si ça ressemble à une diatribe contre le cinéma français, je suis limite scandalisé de voir de tels films sortir aujourd'hui. D'une, c'est prendre ouvertement les spectateurs pour des cons alors qu'il existe déjà un classique indépassable et encore très accessible, donc je ne vois l'intérêt de la chose, à part le concours de quéquettes entre producteurs, mais c'est aussi moche, aussi mal joué, c'est pire qu'une mauvaise action ; c'est un crime contre le cinéma.
Boubakar
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le 20 déc. 2012

Modifiée

le 20 déc. 2012

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Boubakar

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