Je sais que c'est pas vrai, mais j'ai 10 ans !
Très sympa, filmé presque incessamment du point de vue des enfants. Les quelques mises en avant des adultes ne sont là que pour l'effet comique de circonstance (Fred en curé) ou pour faire le parallèle avec le comportement des enfants (affrontement Elmosnino/Chabat). Les détracteurs de Mathilde Seigner seront ravis, elle est presque transparente. Les enfants tiennent vraiment le devant de l'affiche, et le fait qu'ils ne soient pas professionnels est la seule justification possible à l'absence de leurs noms à l'affiche, car ils occupent bien plus de place que tous les guests affichés.
Le chef de bande (Lebrac) est bluffant, la petite est un parfait garçon manqué (ou fille réussie) qui accepte très bien son rôle et ne tombe jamais dans le gnan-gnan, le chef de la bande adverse est délectable (revu depuis dans Plus Belle la Vie), et outre la bizarrerie de trouver dans la bande un énième clone de Damien Jouillerot, tous ce petit monde évolue à merveille.
Musique sympa également, assez subtile comme son compositeur sait le faire (Klaus Badelt) quand il passe côté français, et j'avais même oublié aussi le cameo ultime de la ville de Montauban, youpla-boum ça fait plaisir ça !!
Impossible cependant de l'évoquer sans risquer la comparaison avec "La Nouvelle Guerre des Boutons"... alors allons y carrément...
Les ressemblances, il y en a, bien sûr, inévitables. Celles en rapport avec l’œuvre d'origine : les deux villages, les personnages, le chef de clan respecté malgré (et même grâce à) sa cancritude, le gros traître, le méchant leader adverse, la mise en parallèle avec la guerre des grands... Mais il y a également ressemblance, et c'est dommage, dans la manière de montrer tout ça. D'abord, si Petit Gibus récupère sa part du gâteau, Grand Gibus est aussi transparent dans l'un que dans l'autre. Ensuite, l'amourette entre Lebrac et la fillette brune, qui a exactement le même type physique (un type méditerranéen) et plus que les diverses anecdotes (l'écriteau insultant, la cabane brûlée) c'est aussi le témoignage d'une époque, assez bien dépeint dans les deux cas. Des adultes qui essaient de se faire discrets également, avec plus ou moins de réussite.
Au niveau des différences, maintenant, il y en a de taille, à commencer par l'importance donnée à la guerre des boutons dans la guerre des grands. Là où les choses sont amenées de manière subtile et finalement assez amusante dans le premier, le second s'attarde pour finalement faire dévier son sujet, comme s'il n'avait eu besoin de l'histoire d'origine que comme point de départ pour une tout autre histoire. Si Petit Gibus est plutôt mignon dans le premier, il est très vite agaçant dans le second. De manière générale les gamins sont beaucoup moins amusants dans le second, la faute à un jeu souvent mal maîtrisé et des répliques bien moins naturelles.
Le premier est filmé par un gamin : ça bouge dans tous les sens pour faire plus vrai, mais c'est dans le ton. Le second est filmé d'une manière si académique qu'Hollywood n'aura même pas besoin d'en faire un remake. Beaucoup moins d'inventivité ou de sens de l'esthétisme dans le second. La cadrage est très banal dans l'ensemble, et très peu de paysages ou de simples plans larges (j'ai dit "simples") pour aérer tout ça. De nombreux détails très bien pensés dans le premier sont déviés, éludés, voire carrément passés à la trappe dans le second. La musique enfin, si elle sait se faire discrète dans le premier - quoi qu'un peu hésitante - est envahissante dans le second - sans pour autant être omniprésente - tant elle est répétitive et surtout venue uniquement pour ajouter de l'effet à l'effet. Là où le premier nous proposait une chronique de l'enfance, plutôt innocente sans prétention, parfois un peu simplette, le second nous propose un récit grave et plutôt lourd, mais surtout terriblement tape à l’œil qui n'a parfois plus aucun rapport avec le sujet qu'il a cherché à se réapproprier.
Pour ma conclusion finale dans ce comparatif, je vous invite à lire ma critique sur le second film.
En ce qui me concerne, j'ai été très touché par le premier, par sa simplicité et sa bonne maîtrise du sujet.