Que dire de ce film? Pour être honnête, pas grand-chose... « La huitième de Barbe-bleue » est d'une fadeur sans nom. Comprenez qu'on s'y ennuie ferme...
Lubitsch avait pour sale manie de développer ses films à partir d'œuvres littéraires mineures: ici, un sombre vaudeville français que la postérité a oublié il y a bien longtemps.
Et même si Billy Wilder, co-scénariste du film, s'est évertué à passer ce texte à la moulinette, le résultat n'est pas des plus glorieux. Il n'est finalement qu'un catalogue caricatural des boires et déboires amoureux d'un couple bourgeois.
Les deux personnages principaux y sont complètement instables, et font basculer toutes les cinq minutes leur relation de l'amour à la haine ou de la haine à l'amour... Ce qui a le don d'agacer surtout lorsque chaque retournement de situation semble à ce point catapulté.

Ne parlons même pas de la réalisation. Impossible de faire plus académique: plan large d'introduction, champs, contre-champs, rares inserts (seulement s'ils servent la narration). Le tout monté sans réelle préoccupation rythmique.
Cette réalisation frôle les bas-fonds du ridicule lors des scènes de bord de mer. Tout le film ayant été tourné en studio, les personnages font semblant de marcher alors que derrière eux, un écran diffuse un travelling tremblotant de plages surpeuplées, dont la vitesse n'est pas synchrone avec la vitesse de marche des personnages.
Et qu'on ne me parle pas de charme suranné ou du fait que la technique n'en n'était encore qu'à ses balbutiements. Un film s'étudie pour ce qu'il a été, mais il s'apprécie et se respecte pour ce qu'il est au moment du visionnage. Or, ces séquences sont d'une laideur improbable et deviennent à leur insu l'un des éléments les plus comiques du film.

Et Billy Wilder dans tout ça ? Il était encore un inconnu à l'époque. On sent qu'il se démène comme il peut pour écrire des répliques qui font mouche mais, embourbé dans la lourdeur de l'intrigue, n'arrive pas à déployer tout son talent.
Il dira d'ailleurs bien plus tard de ce film qu'il « n'était pas un très bon film, juste un film correct ».
Impression partagée lorsque mot « The End » apparaît et qu'on se rend compte qu'on a déjà oublié la moitié de ce que l'on vient de voir...
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le 23 mai 2012

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