sept 2010:

Ce n'est pas le Lubitsch que je préfère mais il est sacrément bien écrit (wouah quelle surprise! Un Lubitsch bien écrit! Wouah!). La scène où Claudette Colbert et Gary Cooper se déclarent leurs flammes est en tout point succulente, un trésor de mots à double sens, de baisers couverts, d'œillades rieuses et enfiévrées. A les écouter, je pensais à l'extraordinaire talent de Wilder et Brackett pour ciseler de si jolis dialogues. "Joli" n'est pas le terme le plus adéquat. A ce niveau-là, les dialogues grandissent tout, acteurs et film en entier. Du grand écrit : beau, beau et intelligent à la fois.

Alors pourquoi déclarer que je ne monte pas au rideau? Hum? Le couple Colbert-Cooper n'est-il pas adorable? Les deux acteurs ne sont-ils pas formidables? Si. Surtout Claude Colbert. Dieu que j'aime cette femme! Mais je la préfère ailleurs, "New-York-Miami" par exemple pour rester dans la comédie romantique. Et Edward Everett Horton? Sa tête d'ahuri ou de faux-jeton, elle ne te plait pas? Si, mais je la préfère dans "Design for living", "Angel" ou "Trouble in paradise".

Il y a quelque chose dans cette comédie qui m'arrête. Un frein dont j'ai du mal à savoir la nature. Peut-être que l'histoire de ces deux amoureux ne propose pas de grandes chausses-trappes, qu'il n'y a pas assez de suspense romantique, la comédie plus proche du burlesque (la scène muette des claques, l'asile de fous, etc.) prenant le pas sur les enjeux dramatiques. Peut-être.

Et puis j'avoue que j'ai un peu de mal avec Gary Cooper dans cette comédie. Une antipathie due à son personnage sans doute très primaire. On peut se demander ce qui a pu attirer la futée Colbert. Lui aussi je le préfère dans d'autres films. Je note au passage que ce type était fabuleusement beau. A virer ma cuti.

Heureusement, un film de Lubitsch ne se résume jamais à des acteurs, des dialogues et un scénario. Il se dégage de ses films quelque chose de supérieur, méta-filmique, magique, une essence divine, toujours souriante, une coulée de vie, multicolore qui file une pêche terrible. Vous ne vous échapperez jamais d'un film de Lubitsch avec la morne gueule.
Alligator
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le 14 avr. 2013

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