Enquête sur un docteur au-dessus de tout soupçon
Passons sur le charme désuet des films à l’ancienne, et concentrons-nous sur le sujet. La psychanalyse ouvre un champ énorme pour le cinéma, et le futur maître du suspense va se régaler avec les possibilités offertes pour explorer l’inconscient et les chausse-trappes de l’esprit humain. Grégory Peck est épatant en amnésique névrosé, et il a des regards hagards qui interpellent et laissent rêveur le spectateur. Ingrid Bergman tombe facilement amoureuse, et on pourrait regretter le parfum de mélo qui plane sur ce thriller, mais se serait oublier que Hitchcock lui-même, le scénario le faisait rire, et que le film semble avant tout être une commande d’un grand studio hollywoodien. A mon avis, on voulait un truc pas trop hard mais original et vendeur, grand public en somme, et on a pris un cinéaste talentueux et surtout très pro dans tout ce qu’il fait. Malgré ses attaches au poignet, et un cahier de charge qui devrait dégoutter tout créateur qui se respecte, (sujet, scénario, ton, budget imposé), Hitch arrive à faire un truc intéressant, il distille un peu de poison dans le divertissement. Comme cette montée de tension avec la fameuse scène du rasoir, ou ces moments où le spectateur est mit au cœur de l’action, en caméra subjective, ou la création de plans uniques comme celle du verre de lait, un truc qui doit se voir pour comprendre. On flirte avec le fantastique, et le théâtre quand on entre dans cette séquence du rêve créé par de Salvador Dali en personne, (scène restée fameuse, et qui a dû influencer bien des cinéastes futurs). Bref, ce classique à un peu vieillit, mais sa force de conviction est presqu’intacte. Alors on va dire que c’est à voir pour son originalité, bien que Hitch ait fait bien mieux par la suite.