C'est décidément toujours autant un plaisir de voir un Hitchcock. Spellbound n'échappe pas à la qualité habituelle des films du monsieur bien qu'il ne figure pas parmi mes préférés. Le sujet du film était vraiment intéressant avec cette histoire de faux-semblants dans un asile d'aliénés pleine de suspense. Hitchcock a l'art de brouiller les pistes sans user de ficelles narratives ultra complexes. Ici tout est simple, nous avons affaire à un personnage amnésique en quête de vérité sans que le spectateur ne sache quels sont les tenants et aboutissants de l’affaire. Nous avançons en même temps que les protagonistes, il n'en faut pas plus pour être pris au jeu de cette énigme. Puis suivre des acteurs de la trempe de Gregory Peck ou d'Ingrid Bergman est toujours un plaisir et aide à être captivé tout le long. Sans être terriblement bouleversants, on arrive à s'intéresser à eux car ils ont juste assez de profondeur pour exister à l’écran et donner du coeur au récit. Et Hitchcock est aussi, et surtout, un metteur en scène de grand talent.

Si comme d'habitude on a le droit à quelques stock-shots qu'on lui pardonnera volontiers, il y a derrière de sacrées idées de mise en scène qui valent vraiment le coup d'oeil. Je pense bien évidemment à cette séquence où Peck décrit son rêve qui est juste une merveille d’inventivité et d’audace visuelles. On y sent d'ailleurs toute l'influence de Dali. C'est impressionnant de voir une telle reconstitution qui pourrait nous faire croire que nous vivons nous-même ce rêve. Cette séquence onirique est à classer auprès des grandes scènes du genre comme celle de l'intro de Huit et Demi ou encore du passage des Fraises Sauvages. Après le reste est du Hitchcock comme on l'aime. Le bonhomme savait filmer le dialogue dans des pièces closes. Nous sommes fort heureusement loin du champ/contre-champ basique et chiant. Après ce n'est pas mon Hitchcock préféré car il m'a moins impressionné que les autres je dirais malgré la séquence précédemment décrite. Le début du film se déroule sur un faux-rythme et l'intrigue gagne en épaisseur après une petite demi-heure environ. Mais l'ensemble du film est quand même costaud et on passe un moment agréable parce que le scénario est captivant. Je pense que j'aurais préféré le film si le personnage était plus ambigu mais on ne va pas bouder son plaisir non plus vu que l'écriture est vraiment très bien à côté. Un agréable instant de cinéma.
Moorhuhn
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le 20 janv. 2015

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Moorhuhn

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