C'est l'histoire d'un homme amer qui, à l'aide d'un cigare, s'interroge sur le devenir de l'humanité, déjà perdue pour lui à bord de son vaisseau spatial. La planète des singes commence ainsi par le discours existentiel, presque un poil dans l'exagération, d'un humain dans les étoiles. Formidable.
C'est l'histoire d'un homme qui, à l'aide d'un cigare, se moque du nationalisme de son camarade astronaute, son rire désespéré monte jusqu'au nouveau ciel de cette nouvelle planète. Il ne sont pas simples scientifiques froids et rigoureux, ils sont essoufflés, curieux, jovials dans l'eau, marrants : humains. L'identification aux personnages de la part du spectateur est en route. Formidable.
Voilà alors que nous rencontrons une espèce humaine muette, sous-évoluée semble-t-il. Par un cri et un mouvement de caméra, cette espèce devient plus animale qu'humaine, car en proie à une peur primitive. Nos trois compères se retrouvent eux aussi chassés, dans les hautes herbes et dans leur identité d'humain-puissant. Avec une longue scène de courses-poursuite et les après-coups de la victoire des singes, le changement de perspective se fait naturellement, c'est beau tellement cela fonctionne bien, sublime comme la caméra quasi documentaire rend la chair humaine chair à viande. Notre héros n'est plus qu'une bête apeurée parmi d'autres, devenu muet pendant l'échauffourée. Et lorsqu'il reprend la parole, c'est pour gémir comme un animal.
Immense critique de la dualité science-foi et d'une société qui enferme ses perceptions dans la croyance, le nombrilisme du plus-évolué s'équilibre pour laisser une morale plus terrible ; les cris de Taylor résonnent chez chaque spectateur, coupable d'être humain.