Le fils de l'inspecteur Harry
Nick Pulovski est un policier aux méthodes expéditives qui n'a que faire des règles et des ordres. Irascible, coléreux, déterminé, Pulovski a la fâcheuse habitude de perdre ses coéquipiers. Tout ça ne vous rappelle personne ? L'inspecteur Harry évidemment. Clint Eastwood ré-incarne un de ses rôle les plus célèbres le temps d'un film, qu'il dirige, sur un scénario original qui semble, à première vue, fait pour lui. On comprend pourtant très vite qu'hormis la première heure, Eastwood n'a que faire que de s'auto promouvoir. Son film s'appelle la relève et c'est bien là l'intention du cinéaste : dire adieu à son personnage mythique pour mieux passer le flambeau. La concomitance des dates le confirme, La Dernière cible date de 1988, la relève sort deux ans plus tard.
La relève, c'est Charlie Sheen. Un fils de riche qui sort de l'école de police et qui cherche à se pardonner la mort de son frère. C'est deux là n'ont rien en commun, ils vont pourtant devoir faire équipe. Le Buddy movie est installé, on devine déjà la fin : ils vont finir par s'apprécier et la relève sera assurée. De ce côté là : pas de surprise, on s'y attendait, c'est même plutôt classique. L'intérêt du film est ailleurs, dans ses scènes d'actions notamment, originales, punchy, comme cette intro qui voit Pulovski poursuivre une remorque de voitures de luxe. Ou encore cette scène ou David Ackerman (Sheen) cesse d'avoir peur et tabasse tout un bar rempli de Bikers. Ces scènes, nombreuses, signées du cinéaste Buddy Van Horn, nous tiennent en halène la plupart du temps et empêche La relève de tomber dans le classicisme de certains polars.
La première heure fait peur mais la deuxième nous rassure, Eastwood s'en sort plutôt bien et nous évite l'impression d'assister à une redite de l'inspecteur Harry. Le scénario, banal, n'est qu'un prétexte au Buddy Movie voulu par le cinéaste qui met en lumière la performance juvénile de Sheen. Le duo qu'il forme avec Eastwood fonctionne parfaitement. La relève est assurée.