Décidément Tomas Alfredson commence à prendre beaucoup de place. Après m'avoir cloué sur place avec Morse, voilà qu'il me donne une nouvelle leçon avec La Taupe.
Adapté d'un roman de John le Carré, l'intrigue nous mène au coeur des services d'espionnage British pendant les années 70. L'ambiance est froide, glaçante mais délicieusement surannée. L'esthétique du film est tout à fait fidèle et mise au service d'une réalisation sans faille.
L'intrigue, elle, laissera probablement du monde en chemin, notamment ceux habitués à ce qu'on leur mâche le travail façon blockbuster. Point d'explosion ici, point de raccourcis, point de facilité. On est concentré, avec le cerveau qui mouline, faisant des recoupements et ébauchant mille scénarios possibles.
On est vite happé par l'ambiance, ambiance d'ailleurs soutenue par une bande son remarquable de sobriété, mais dont le coté jazzy rajoute juste la petite touche de chaleur nécessaire.
Impossible de ne pas dire un mot sur l'interprétation des acteurs, avec un Gary Oldman d'une incommensurable prestance et présence à l'écran. Mark Strong ne s'en laisse pas compter, mais son rôle le met d'emblée quelque peu en retrait. L'étoile montante Benedict Cumberbatch (l'icône de la série Sherlock) est tout à fait fidèle à son rang et fait de son apparition au casting une véritable valeur ajouté.
Un film qui se mérite donc, et dont les 2h passent pourtant très facilement, tant les éléments se mettent en place progressivement mais inéluctablement. Une réussite technique et artistique dont l'amateur de film de genre aurait bien tort de se priver. A déguster comme, ou avec, un bon vieux whisky....
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