Après Carnage Polanski réitère dans le huis clos et enferme Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner dans un théâtre.
Amalric incarne un auteur, qui s’apprête à mettre en scène, pour sa première fois, une adaptation de la vénus à la fourrure, roman érotique de Leopold von Sacher-Masoch.
Seigner joue une actrice qui vient passer le casting pour le rôle principal.
Le problème principal du film, très agréable et plutôt amusant au demeurant, c’est qu’il ne propose rien de véritablement neuf, ni dans ce qu’il aborde, ni dans la façon de le mettre en scène.
On sent que Polanski s’en fout un peu, et enchaine avec une deuxième récréation, pour lui, mais aussi pour les acteurs qui semblent prendre un vrai plaisir, communicatif, à jouer.
C’est avant tout un film sur le basculement ou sur le retournement. Basculement de la réalité au jeu, basculement des rapports dominants/dominés, basculement comportemental des personnages : Seigner hystérique, complètement déjantée lorsqu’elle est à la ville dans le film, devient totalement imprégnée par son rôle, juste et sobre lorsqu’elle se met à jouer. A contrario, Amalric, sérieux, professoral dans son rôle de metteur en scène, déborde dès qu’il se met à jouer.
Basculement sexuel, basculement machiste/féministe, homme/femme,… bref, le film n’est fait que de ça. Y compris au niveau de la mise en scène, de son évolution, et de l’utilisation des clairs-obscurs.
En cela Polanski ne se limite heureusement pas à du bête théâtre filmé et le film se dérègle s’habillant peu à peu d’une étrangeté et d’une folie, comme si Seigner déteignait sur les décors.
Loin d’être un grand Polanski, mais un petit truc plaisant.
Teklow13
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le 29 mai 2013

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