La Seconde Guerre Mondiale est une période tragique ayant été traité de différentes façons et sous tout les angles possibles pour des résultats variables. Ainsi lorsqu'on découvre le synopsis de La Confession, il est difficile de déceler l'élément qui va lui permettre de se démarquer du lot.
C'est au niveau de la composition de l'équipe que cela se situe et plus particulièrement le poste de réalisateur : Nicolas Boukhrief. Auteur plutôt habitué au drame/thriller contemporain, il est étonnant de le retrouver sur ce projet. Pour autant, de par son expérience, le savoir aux commandes d'une œuvre de cet acabit a de quoi intriguer.


Passé une introduction dans notre siècle, nous sommes projetés en pleine Seconde Guerre Mondiale dans une bourgade sous occupation allemande. Nous suivons le parcours de Barny, communiste et agnostique, et sa routine dans cette situation. On découvre rapidement la personnalité de chaque habitant et leur position au sein de ce conflit.

Une fois les repères pris, l'auteur met lentement en place le duel psychologique qui va opposer Barny et le nouveau prêtre. Cette confrontation sera le moteur même du récit. Toutes les actions entreprises ainsi que leurs conséquences découlent de l'interaction entre ces deux êtres.


Tout au long du récit, différents partis-pris interpellent de par leur audace.

Il y a d'abord le mystère entourant le personnage incarné par Romain Duris. Il est présent dans diverses conversations avant que le spectateur puisse enfin le voir. Le prêtre est une légende urbaine alimentant les commérages de la bourgade avant d'être une réalité palpable. Cette aura est aussi renforcée par l'adoption, tout au long du récit, du point de vue de Barny uniquement. On ne sait rien de plus que cette jeune femme découvre. Ce choix permet de créer des zones d'ombre et ainsi impliquer le spectateur sur ce qui se joue sous ses yeux. On rentre ainsi dans un jeu de ddupes, caron ne sait pas si certaines actions, entreprises par nos protagonistes, sont le fruit d'une démarche sincère ou si elles n'ont pas pour but d’avoir l'ascendant sur l'autre.

Un autre élément majeur est l’approche objective de la situation, s'éloignant du manichéisme primaire en nuançant le traitement de ses personnages et les situations. On découvre d'un côté des nazis jouant avec des enfants français et espérant le retour des soldats français auprès de leur famille et d'autre part, les actions des résistants entrainant la mort des habitants. Un point de vue rafraichissant et permettant de mettre les convictions de Barny à rude épreuve. D'autres éléments permettent de sortir du tout-venant cette œuvre sur l'occupation allemande.

Ces partis-pris permettent d'accepter plus facilement la densité des dialogues qui est inhérent à l'exercice. En effet, l’œuvre repose sur des joutes verbales longues et passionnantes auxquelles se livrent notre duo. Or sans l'apport des éléments pré-cité, l'auteur aurait accouché d'un film long voire indigeste.


Un autre aspect primordial pour rendre crédible cet affrontement est, bien sûr, la qualité d'interprétation des acteurs. Romain Duris est parfait dans ce rôle de prêtre appliquant un dogme prônant l'acceptation de l'autre et la recherche du Salut. Quête d'autant plus vitale lorsque l'on se retrouve sous la domination militaire d'un pays étranger. Quant à Marine Vatch, elle incarne avec justesse cette jeune femme insoumise, en proie au doute face à la sérénité et la tolérance d'un homme représentant une idéologie qu'elle haïe.


C'est ainsi qu'avec un contexte historique mainte fois traité et une situation initiale plutôt convenue que Nicolas Boukhrief accouche d'une œuvre passionnante et rafraichissante. Une belle réussite qui permet de revivre cette triste époque sous un angle différent.

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le 11 déc. 2016

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