Alors que sort au cinéma le biopic sur Hoover (réalisé par C. Eastwood), il semble approprié de regarder un film qui n'aurait pas vu le jour sans l'existence de cet homme ambigu ; The Street with No Name (la dernière rafale) est en effet un de ces films de propagande donnant une image 'clean' du FBI et surtout remettant les truands à leur place, à une époque où ils étaient dépeints comme des héros au cinéma.

Le film se veut donc une reconstitution, parfois un peu fantasmée, d'une affaire menée de main de maître par la plus célèbre des polices américaines nationales. On assiste donc à toutes les étapes de l'enquête de façon très désentimentalisée; c'est d'ailleurs peut être là le défaut du long métrage: les personnages sont assez fades, vides de personnalité; seule leur fonction les anime. Impossible de ressentir la moindre empathie pour l'un ou pour l'autre. A l'exception d'une scène étonnante où une amitié naît entre Stiles et noter agent infiltré; mais très vite l'ambiguité posée par cette scène est balayée puisqu'on nous montre le gangster capable de battre sa femme injustement (non pas qu'il y ait une façon juste de la battre hein!): ainsi, le manichéisme résiste.

Outre cette platitude décrite, la fin semble peu crédible, sans doute le FBI et les producteurs ont ils décidé d'arrondir les angles afin d'obtenir un échec cuisant pour les dangereux malfrats ; car cette scène finale, le plan de Stiles, semble illogique, voire stupide, alors que le film est construit avec une intelligence rarement égalée dans d'autres productions du même genre, grâce à son réalisme audacieux.

La mise en scène, quant à elle, ne déplore d'aucun défauts. A la limite on pourrait reprocher une surutilisation du fondu enchaîné dans les 10 premières minutes, mais très vite un rythme s'installe et le spectateur entre dans cet univers de film noir sans aucun problème. Plus particulièrement les scènes muettes sont bavardes en informations et démontrent la maîtrise cinématographique du metteur en scène.

Le jeu d'acteur fontcionne malgré le manque flagrant de personnalité: Mark Stevens semble en effet être un flic toujours heureux de faire son boulot et qui, par conséquent, sourit toujours. Richard Windmark joue un rôle à l'opposé de son personnage dans 'Les forbans de la nuit': un personnage sombre, mais sûr de lui, et qui possède un regard d'acier ignorant la moindre parcelle d'hésitation ou d'émotion.

Bref il s'agit d'un film peut être plat émotionnellement, mais bien ficelé (à part un final peu crédible) et mis en scène avec beaucoup de talent. Il s'agit là d'un témoignage rigoureux d'une époque (quel film ne l'est pas me dira t on?) et je le recommande aux fans de thrillers ou tout simplement à ceux qui veulent connaître la portée de ce cher Hoover remis au feu des projecteurs.
Fatpooper
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le 15 janv. 2012

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