J'écris surtout pour garder une trace de mon avis sur les films que je mate. Ces lignes sont issues de mes notes et je ne prétends pas avoir quelque chose de fondamentalement intelligent à dire. J'essaye d'analyser le film en utilisant mes simples connaissances. Contient sûrement des spoilers.
Ah, premier film que je vois qui peut vraiment se revendiquer de l'expressionnisme allemand (contrairement au Nosferatu de Murnau selon moi), en effet il y a de vrais effort sur les décors : l'architecture est sinueuse, illogique, acérée, ça aide à créer une ambiance irréelle, onirique, théâtrale. A l'occasion cela donne naissance à des plans très réussis : un prisonnier dans sa cellule, assis, et peint en dessous de lui des langues de feu qui continuent sur les murs, comme si elles naissaient de sa personne. Un symbolisme simple et évocateur.
Une autre technique de montage marche bien : lors de la lecture du journal personnel d'un personnage, sous forme d'un souvenir l'image se réduit à un endroit et s'ouvre à un autre.
Les jeux de clairs obscurs et les ombres sont bien foutus, mais la mise en scène est statique et ultra conventionnelle, donnant des angles de caméras rarement intéressants. Sauf de gros plans/plongée (pour mettre le destin funeste au dessus des personnages)
Pour ce qui est du récit, c'est un mélange de frankenstein et dracula assez classique. L'homme (ici le scientifique, enfin c'est ce que je croyais avant la fin, mais on va faire semblant qu'elle n'existe pas pour l'instant) téméraire et aveugle à la folie de ses propres actes commet des atrocités sous couvert de recherches/science/curiosité/complexe de dieu. Cette obsession le mène à sa perte, le pousse à produire l'innommable. La représentation de cette obsession est d'ailleurs originale : des phrases qui apparaissent sur le cadre et le personnage qui fait mine de les voir.
Malheureusement comme dit plus haut, le propos est annihilé par la fin, réduit a peau de chagrin par la "révélation" contradictoire et contre productive, qui a au moins le mérite de justifier certaines âneries du scénario (pourquoi le directeur ne change pas d'habits une fois dans l'hopital psy pour se différencier de caligari par exemple).
Le message est donc bicéphale car impossible d'avoir un indice sur la vérité : l'asile est le même pendant le "rêve" et le retour à la réalité, c'est aussi le bâtiment le moins expressionniste - au cas ou le film attribuerait les décors tordus a la folie du personnage. Le docteur n'est cela dit plus maquillé ni même effrayant et il est habillé de blanc. Sans compter que la "créature" ne se venge donc jamais de son créateur injuste et amoral...
Sûrement un précurseur de l'horreur au cinéma, mais incapable de ne pas subir les outrages du temps (et qui s'inspire mal de ce qui l'influence).