Etrange sensation que ce deuxième visionnage du cercle des poètes disparus. Passer de l’émerveillement à une certaine forme d’agacement a de quoi laisser circonspect. Le premier visionnage permettait d’apprécier le film comme un divertissement, le second, lui, définissait et mettait en perspective des clés de lecture qui ne laissait pas forcément le film dans le même état que lors du premier visionnage.


L’histoire se passe dans une université réputée et aux traditions ancestrales. On y suit les péripéties de Neil, Charlie, Knox et leurs camarades dans leurs activités scolaires et extrascolaires, dans leurs choix de carrière ou leurs pérégrinations amoureuses. Lors du premier visionnage de ce film, l’émerveillement atteindra la plupart des spectateurs touchés par la sincérité des élèves autant que par la bienveillance d’un professeur atypique (splendide Robin Williams).


La majorité du casting faisait ici ses premières classes (Robert Sean Leonard, Ethan Hawke, …) de façon honorable. La photographie, elle, n’est pas exceptionnelle mais reste tout à fait honnête, retranscrivant les allées et détours d’un complexe universitaire presque sans âme contrastant avec cette institution qui aura vu passer bon nombre d’élèves et d’enseignants. Robin Williams, dont la joie de vivre, le sourire et l’empathie qu’il fait montre à l’écran est plus que palpable et permet de s’attacher à chaque personnage dont il endosse le costume interprète John Keating, figure rassurante et presque patriarcale dont les cours serviront à développer un sens critique, une acceptation et une confiance en soi allant jusqu’à frôler la défiance à l’encontre des principes établis. Robin Williams porte le film sur ses épaules, en témoigne la scène de son départ qui en viendra même à se trouver plus émouvante que le drame qui s’est joué dans la maison familiale des Perry.


Là où le bât blesse, c’est que c’est un film profondément démagogique. Le pathos s’y révèle omniprésent. Son allégorie étant Robin Williams ; professeur à la pédagogie novatrice et qui s’avère être proche et complice avec ses élèves. On se prend d’affection pour ce sympathique professeur dont l’injuste sort à la fin du métrage peut prêter à verser quelques larmes. Mais voilà Robin Williams a tendance à jouer un personnage compassionnel, bienveillant et qui pousse irrémédiablement à l’empathie. La tournure des événements (le suicide du jeune Neil Perry à cause de la pression sociale et scolaire induit par l’intransigeance de ses parents) puis le renvoi dudit professeur achèvera le spectateur de tomber dans la consternation et l’incrédulité voire une certaine affliction (pour les plus émotifs). Ce pathos ubiquitaire (auquel la musique du film n’y est pas étrangère) touchera les plus jeunes d’entre nous car étant dans une quête identitaire et une recherche de leur place dans la société. L’identification de ce type de public à ces personnages est un objectif du réalisateur afin de créer un attendrissement émotionnel croissant vis-à-vis de ces protagonistes par le biais de l’identification.


Le film se révèle être manichéen de bout en bout ne cessant d’opposer les vieux professeurs aux jeunes élèves, le professeur créatif (John Keating) dans sa manière d’enseigner face aux enseignants de la « vieille école » aux préceptes rigoristes et réactionnaires. Le plan le montrant, lui et sa classe dans la cour pratiquant des exercices portant sur la confiance en soi face à l’œil averti et acéré du directeur en est un parfait exemple : le directeur, symbole de rigidité et de pouvoir prenant de haut ce fantasque enseignant qui se risque à braver les règles centenaires d’une institution immuable.


Mélodrame dégoulinant de bons sentiments et de naïveté, Le Cercle des poètes disparus bien qu’ayant des défauts perceptibles se révèle malgré tout inoubliable et, ce, grâce à Sir Robin Williams : le professeur que l’on aurait tous voulu avoir.

Jokalex
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le 13 juin 2015

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Jokalex

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