Le Château dans le ciel
7.9
Le Château dans le ciel

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1986)

Techniquement, on pourra reprocher à ce film de ne pas être à la hauteur de films animés... vingt ans plus tard ; pour le reste, je suis bien forcé d'admettre que l'animation du Château... est irréprochable. Les navires volants sont délicieusement et absurdement steampunk, les personnages sont expressifs, il y a une réelle maîtrise dans les décors pas trop statiques, invitant aux voyages. La musique, elle, est vraiment magnifique et m'a bien plus marqué que dans les quelques Miyazaki que j'ai pu voir.
L'introduction est particulièrement forte, l'attaque d'une forteresse aérienne, donnant le ton dès le départ, aussi bien sur l'ambiance du film que sur les luttes autour de Sheeta qu'on ne comprendra que plus tard. L'animations autour de la forteresse volante et des pirates donnent le ton à l'ensemble de l'œuvre, on y voit la passion de Miyazaki pour les trucs volants improbables, cette fascination qu'on retrouve si souvent dans son œuvre.
La rencontre et la première fuite de Pazu et Sheeta est vraiment bien traitée, avec une scène d'action particulièrement mouvementée, à se croire dans le Temple Maudit, une seconde scène d'exposition autour du personnage de Papi Pomme assez sympa (toujours cette musique !), l'histoire se complexifie encore entre les deux factions qui recherchent Sheeta (et son joyau, en fait) avec des antagonistes charismatiques (Muska, particulièrement inquiétant).
Le parcours quasiment initiatique des deux jeunes protagonistes, chacun de leur côté est assez bien mené - surtout côté Pazu ; c'est lui qui deviendra le principal héros du film dans la deuxième moitié du film. De la fuite dans laquelle il s'investit pleinement, jusqu'au dialogue avec Dora où il réalise où sera sa place et dans l'aventure qu'il devra mener ensuite, c'est lui qui évolue le plus pour prendre toute la place. L'évolution parallèle de Sheeta est un peu plus décevante. Elle est bernée par Muska, elle se retrouve responsable d'un massacre causé par un robot affectueux ; ça n'est qu'à la fin, face à Muska qu'elle parviendra enfin à retrouver le premier plan, à devenir maître de son destin, au côté de Pazu. S'il est rare d'avoir un personnage féminin aussi faible chez Miyazaki, il faut dire qu'elle n'est pas aidée par son antagoniste, Muska, particulièrement manichéen, ce qui est tout aussi rare chez l'artiste, et dont le charisme initial s'affaiblit au fur et à mesure que la promesse de danger autour de lui se révèle. Parmi les autres protagonistes, si la bande de Dora est particulièrement ridicule, Dora est bien plus intéressante ; c'est un personnage féminin fort et attachant, qui devient très vite une mère de substitution pour nos héros et dont la compréhension des gestes de Sheeta nous éclaire sur les relations hommes/femmes chez Miyazaki.
Malgré tout, ce film n'est pas le chef d'œuvre qu'avait été Nausicaa pour moi ; la faute de Muska, d'une part, bien trop manichéen, et la faute à l'ambiance général surtout, pas aussi torturée.

Créée

le 11 janv. 2015

Critique lue 477 fois

4 j'aime

Pierre Marot

Écrit par

Critique lue 477 fois

4

D'autres avis sur Le Château dans le ciel

Le Château dans le ciel
Torpenn
8

Boule de Swift

Après avoir bouffé sa dose de vache enragée, Miyazaki connait avec Nausicaä un succès retentissant tant en version papier que dans son adaptation au cinéma. A une époque qui privilégie télévision et...

le 6 nov. 2012

157 j'aime

20

Le Château dans le ciel
DjeeVanCleef
9

Laputa.

Décidant d'établir un semblant de culture cinéma chez une naine que je connais - à grands coups de Rabbi Jacob, de Cirque et de quelques Burton, Tim pour commencer, on verra pour jack plus tard - je...

le 18 mai 2013

109 j'aime

22

Le Château dans le ciel
Sergent_Pepper
8

Itinéraire de délestage

Le troisième long métrage de Miyazaki, découvert sur le tard en France grâce au succès de ses chefs d’œuvres à l’aube des années 2000, a dû surprendre les nouveaux amateurs. A priori bien plus...

le 31 mai 2015

94 j'aime

3

Du même critique

Princesse Mononoké
Pierre_Marot
10

Critique de Princesse Mononoké par Pierre Marot

Évacuons rapidement l'évidence : la musique, l'animation, le dessin, tout est somptueux. Il est inutile de tergiverser, sur le plan technique, ce film est un chef d'oeuvre. Il ne sera pas nécessaire...

le 16 déc. 2014

31 j'aime

4

Mon voisin Totoro
Pierre_Marot
8

Mon voisin Choupi

J'ai vu Totoro au bon moment, je crois. Bien sûr, j'aurais pu le voir beaucoup plus jeune, à l'âge de Satsuki, j'aurais plongé comme les filles. Mais aujourd'hui, ça n'est pas moi qui m'identifie aux...

le 12 janv. 2015

23 j'aime

11