Après avoir vu des extraits d'Ivan le terrible et d'Alexandre Nevski, je me suis dit qu'il était grand temps d'attaquer la filmographie d'Eisenstein, je regarde donc son œuvre la plus connue... Et je constate qu'elle n'est pas aussi extraordinaire que semblent l'être les deux autres films.
Le principal problème est que l'ensemble n'est vraiment pas subtil : ça crie, ça pleure, et vas-y que je montre les visages en gros plans histoire de bien appuyer l'émotion... Non quoi. C'est pénible. En plus de cela, c'est manichéen à l'outrance. Que le capitaine soit détestable je veux bien le croire, mais que l'ensemble des tsaristes deviennent automatiquement des ennemis cruels qui massacrent des civils, c'est un peu facile. Alors, je vois venir le fameux "C'est un film de propagande", mais justement, la propagande ça gagne à être subtil, voire insidieux, pour faire croire au spectateur qu'il a raison de penser comme le film, sans qu'il sente qu'on est en train de lui bourrer le crâne.
Formellement par contre, c'est très intéressant. Eisenstein est visiblement très porté sur le montage. Il privilégie les cuts aux mouvements de caméra, ce qui fait que chaque scène est très découpée, et donc rythmée. Par ailleurs, le réalisateur possède façon très particulière de mettre en scène les figurants. Dans les plans d'ensemble, ils forment une masse informe mais puissante. Ils sont filmés d'une manière particulière, presque comme du bétail, peut-être est-ce pour traduire l'idée que l'individu a besoin du troupeau pour exister ?
En somme, le fond est présenté de manière assez grossière, ce qui n'empêche pas d'apprécier une forme très travaillée et originale. Ce n'est pas un coup dans l'eau, mais on est loin du touché-coulé.