Entamée en 2005 avec le désormais mythique Shaun of the Dead puis avec le très appréciable Hot Fuzz en 2007, la trilogie d’Edgar Wright alias The Three Flavours Cornetto Trilogy/ Blood and Ice Cream Trilogy voit avec The World’s End la meilleure conclusion qu’il soit et peut-être même le meilleur opus de la trilogie. Trilogie audacieuse qui parodie à sa façon trois genres cinématographiques selon l’élégance et l’humour britannique si caractéristique et propre à la pop culture d’aujourd’hui. Un humour décalé et jubilatoire en grande partie dû à son duo mythique composé des désormais célèbres Simon Pegg et Nick Frost. Ajouté à cela le travail d’orfèvre sur l’image d’Edgar Wright et vous obtenez très certainement la meilleure trilogie d’humour de ces dernières années. 8 ans pour conclure une trilogie idolâtrée, juste assez pour laisser le temps à ce trio d’aller faire leurs preuves ailleurs. Même s’il n’a pas eu le succès escompté, Edgar Wright a tout de même pondu un énormissime Scott Pilgrim hilarant à souhait tandis qu’il a également officié sur le scénario des Aventures de Tintin par le grand Spielberg. Simon Pegg quant à lui a persévéré et est désormais une valeur sûre du second rôle outre-Atlantique, grâce à son personnage dans la saga reboot Star Trek de J.J. Abrams ou dans le quatrième opus de la franchise Mission Impossible de Brad Bird. Nick Frost s’est reformé avec son acolyte pour le sympathique Paul de Greg Mottola et sa notoriété à explosé dans le trip rock’n’rollesque Good Morning England. Un trio qui a donc su se faire remarquer sur la scène internationale et qui voit avec cette conclusion glacière la meilleure opportunité pour faire davantage connaître cette trilogie hilarante, subtile, ingénieuse et surtout épique.

Passé le genre zombie et le film policier, Le Dernier Pub avant la Fin du Monde démarre comme une sorte de Very Bad Trip à l’anglaise sans compter le revirement en milieu de parcours où le film passe de la friendly comédie à la science-fiction. Ceux qui n’auront pas regardé les trailers seront d’autant surpris et apprécieront avec délectation ce twist jubilatoire. Ce qui est intéressant dans la trilogie d’Edgar Wright, c’est que le réalisateur ne se contente pas de filmer son duo en espérant que l’alchimie passe, il en profite également pour évoquer l’amitié à travers chacun des opus sous différents degrés ou le passage de l’enfance à l’âge adulte (ou non). Sa galerie des personnages est toujours particulière et chacun se voit confier une personnalité exacerbée. Point n’en faut pour rajouter quelques couverts avec ce casting dantesque pour cette conclusion. Outre le duo toujours présent avec un Simon Pegg plus dingue que jamais, un Nick Frost qui n’a jamais été aussi dramatique et cinglé à la fois, un Martin Freeman (le nouveau Bilbon le Hobbit) ignoble et bon pote à la fois, un Eddie Marsan (Be Happy, Sherlock Holmes I & II, et tant d’autres productions britanniques) attendrissant, un Paddi Considine peu reconnu (Submarine et a réalisé Tyrannosaur) mais très cool, sans compter la charmante Rosamund Pike qui complète de manière élégante ce casting bien exploité et au prestige certain outre-Manche. Les cinéphiles apprécieront également de retrouver la voix-off de Bill Nighy, les apparitions de David Bradley, Steve Oram & Alice Owe (Touristes), Michael Smiley (Kill List), Rafe Spall (Prometheus) et la présence inattendue d’un célèbre ancien agent secret. Au final, un casting bien complet qui donne déjà envie de lécher une dernière fois ce cône à la saveur si particulière.

20 ans ont passé. Le personnage de Simon Pegg se remémore avec envie sa jeunesse, cette époque incroyable où l’on se sent invincible et projette intérieurement de finir ce qui avait été commencé avec sa bande de potes : La Voie Maltée ou le Barathon de Newton Heaven qui consiste à boire une pinte dans chacun des douze bars de cette petite contrée. A partir de là, les amis se réunissent après diverses péripéties et chacun va voir que les autres ont gardé des traumas de leur adolescence à des degré plus ou moins forts. Chacun a désormais sa petite vie bien rangée, bien planifiée, bien morose et il manque à tous le truc qui va leur faire prendre conscience de la qualité de leur vie. Certains sont frustrés de n’avoir jamais pu atteindre l’objectif voulu et de garder cette invincibilité juvénile, d’autres ont loupé l’amour de leur jeunesse, d’autres se sont fait battre à l’école, d’autres encore ont été frustrés par les noms dégradants attribués tandis que d’autres ont tout simplement perdu confiance en leur ami. Passer un peu de temps autour de quelques pintes va raviver ses frustrations refoulées et donner lieu à des séquences joyeuses de règlements de compte. Si avant ça, les rires étaient déjà légions grâce à l’humour salvateur et cynique du trio à propos de leurs personnages où d’une éphémère revendication de la starbuckisation des établissements de consommation de liquides en tout genre, il faut dire que les fous rires vont s’enchaîner dès lors que les personnages découvrent que la ville est envahie par une invasion de robots-extraterrestres qui remplacent les habitants. Rien que ça. Ne-serait-ce que pour la première scène dans les toilettes, le film vaut le détour. C’est drôle, magistralement chorégraphié et ce faux-plan séquence file à une allure folle, fidèle à la vitesse de la mise en scène d’Edgar Wright. Un véritable défouloir irrésistiblement drôle qui va continuer tambour battant.

Si vous y voyez des références à la Guerre des Mondes ou L’invasion des Profanateurs, c’est tout à fait normal. Edgar Wright rend hommage allègrement à ces films qui ont certainement dû bercer son enfance. The World’s End est un véritable hommage à la science-fiction en général et sa trilogie peut se poser comme une référence pour le film de potes. Ce genre de films qu'on regarde avec un sourire malicieux les tribulations de ces potes et qu’on se remémore nos instants aussi déjantés avec nos propres amis. Ces soirées autour d’une table où chacun refait le monde, chacun évoque des épisodes drôles et moqueurs à sa sauce et qui font que ces soirées deviennent finalement inoubliables. Edgar Wright transmet parfaitement cette complicité incommensurable à travers la complicité de ces cinq vieux amis. Derrière ça, le trio de choc confirme qu’ils ont toujours fait un humour dans l’absurde, qui rappelleront à certains les Monty Python (LA référence british). En témoigne cette intrigue folle qui progressivement se dirige vers le final apocalyptique et ridiculement amusante où le dénouement flirte avec le non-sens lorsque les compères débattent autour de l’imperfection de l’être humain avec une voie extraterrienne.

Il sera toujours possible de reprocher des choses à la trilogie Cornetto, en particulier cette habitude de ressasser certains gags, de stéréotyper plus qu’à l’accoutumée certains personnages, de poser un peu trop le film par moments ou d’autres choses, mais à partir du moment où les situations grotesques s’enchaînent assurant à coup sûr les nombreux fous rires, alors impossible de ne pas apprécier Le Dernier Pub avant la Fin du Monde. La trilogie se conclue de la meilleure des manières, laissant une dernière fois ce goût particulier et typique de l’humour british qui délivre à nouveau une perle loufoque qui a coup sûr rendra cette trilogie d’autant plus mythique. Edgar Wright est un génie de l’image, et de cette image frénétique et survolté qui plaît tant à la jeune génération sans pour autant zapper ces moments patients qui posent les bases de son intrigue. La trilogie s’achève et chaque membre du trio va continuer à faire ses preuves ailleurs. Edgar Wright s’en va sur l’adaptation d’Ant-Man, Simon Pegg va perdurer dans les seconds rôles des franchises, et Nick Frost ira faire ses preuves ailleurs. Leur carrière ne fait que s’élancer et il ne tarde de les voir revenir à l’écran, et peut-être les voir à nouveau réunis dans un prochain long-métrage, voire une saga. Quoiqu’il en soit, il serait fort dommage de ne pas retourner une dernière fois au World's End dont le goût absurde et sucré à souhait marquera la pop culture cinématographique. Sans prendre de risque, une des comédies franches et hilarantes de l’année !
Softon
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le 1 sept. 2013

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Kévin List

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