Do not skip to the end and go back to the beginning
Je préviens, c'est pas du joli joli. Mais c'est garantie spoiler-free.
En grand admirateur de la clique Edgar Wright / Simon Pegg / Nick Frost, la vue du trailer de 'The World's End' il y a quelques mois m'avait méchamment refroidi. C'est donc sans attente particulière que je me rendis dans le cinéma londonien préféré d'Edgar Wright (Screen on the Green) pour voir, selon ses propres dire, son film préféré de ceux qu'il a réalisé.
Après seulement quelques minutes, je compris que le niveau de son dernier film n'arriverait pas à la cheville de son moins bon de tous ses précédents films, j'ai nommé bien entendu, le très bon 'Hot Fuzz'.
Tout est en effet légèrement bancal dans ce final de la 'Cornetto Trilogy'.
L'histoire, d'abord, qui effectivement semble être très personnelle et importante pour Edgar Wright mais qui ne présente pas vraiment d'intérêt ou d'attrait (spoiler : c'est 'Hot Fuzz' à l'envers). Ouais alors on va retourner dans la ville où on est né et on va faire la tournée des pubs qu'on avait jamais réussi à faire au lycée...
Mais aussi, les personnages. Pas originaux, backgrounds vus et revus. Pire encore, Simon Pegg et Nick Frost ont voulu jouer des personnages très différents de ceux qu'ils jouent d'habitude et ça ne marche pas. Pegg n'est pas le leader auto proclamé de la bande, il le devient par concours de circonstance. Ici, le personnage est sûr de lui, provocateur, manipulateur, il a un objectif clair et précis et rien ne pourra l'empêcher de l'atteindre. Idem pour Nick Frost, habitué à jouer le mec qui ne remet rien en question, se laisse aller et subit un peu tout. Là, il est celui qui dit non à tout, veut rentrer à la maison et ne surtout pas boire d'alcool (Oui oui, le personnage de Nick Frost qui refuse une pinte de bière, vous avez bien lu). Enfin, ça aurait pu marcher si seulement les personnages n'étaient pas aussi caricaturaux.
Du côté réal, ça pique méchamment aussi. Edgar Wright ne s'est semble-t-il pas remis de sa phase Scott Pilgrim et continue sur la lignée. Imaginez le pire de 'Hot Fuzz' croisé avec celui de 'Scott Pilgrim vs the World' et vous obtenez 'The World's End' : une débauche d'effets visuels, des scènes de baston au corps à corps avec des milliers de CGI dans tous les sens, sans pour autant avoir le fun de Scott Pilgrim ou l'effet jouissif de 'Hot Fuzz'.
Car oui, 'The World's End' est un film d'action / science fiction où la violence physique et les courses poursuites sont monnaie courante ; les personnages et l'histoire étant relégués au second rôle.
Autre souci, ce gimmick jusqu'à présent super bien maîtrisé par Edgar Wright et ses monteurs : un passant traversant l'écran d'un côté à l'autre permettant de faire une transition fluide et masquée entre deux plans. Et bien ici, il semble qu'il ait eu accès à un bouton qui faisait ça automatiquement entre chaque plan. La première demie heure n'est composée quasiment que de ce type de transition. Et ça agace très rapidement, surtout quand il n'y a vraiment aucun intérêt à le faire.
Un point que je considère comme intéressant d'aborder est aussi le fait que pour la première fois, le duo de scénariste Edgar Wright et Simon Pegg a décidé d'écrire un film sans y incorporer d'innombrables références aux films du même genre (ce qu'ils font avec brio, cela dit en passant). Et donc, à la manière de Tarantino avec son 'Django Unchained', le duo anglais s'est mis en tête de pondre un scénario totalement original et qui ne soit pas une parodie d'un genre particulier. Et bien, comme pour Tarantino, ça ne marche pas ; il manque un truc. Et surtout, cette fois, quand il y a des références à d'autres films (et il y en a un certain nombre, mais elles sont toutes plus ou moins superficielles), elles sont tellement peu originales ou subtiles qu'on a simplement l'impression que les scénaristes sont en train de nous donner un petit coup de coude dans les côtes en disant 'hey, tu l'as captée cette référence, hein ?'.
Globalement, 'The World's End' donne l'impression d'être un film américain. La touche anglaise de 'Shaun of the Dead' et 'Hot Fuzz' a totalement disparue, la subtilité aussi : voila la quantité de discours larmoyants avec un zoom sur le visage du type qui parle... La seule fois où ce schéma n'est pas répété se situe à la fin, le gros dialogue final avec le méchant. Sans spoiler, disons simplement que si vous n'avez pas aimé la fin mièvre de 'The Abyss' avec les aliens écolo, il y a moyen que vous décrochiez un petit sourire ici. Mais ça tient plus de l'humour d'un épisode de 'South Park' (série que je vénère plus que tout, je précise) que de ce que l'on serait en droit d'attendre des créateurs de ces chefs d'oeuvres que sont 'Spaced' et 'Shaun of the Dead'.
Sérieux, reprenez-leur leur super budget et obligez les à refaire des vraies films basés sur des histoires vraiment uniques et tout ira bien. Là, on part dans la direction où leurs prochains films seront du grand n'importe quoi sans âme.
Bref, comme le disait Shaun lorsqu'il a un choix à faire, il n'y a pas à hésiter : 'The first one'.