Cyril vit dans un centre pour ado. Il a 12 ans et tente désespérément de joindre son père au téléphone. Pourtant, celui-ci semble avoir déménagé sans laisser ni mot, ni adresse, ni téléphone où le joindre. Curieux : et comme le gamin, le spectateur ne comprend pas. Cyril est à la limite du contrôlable. Emporté, révolté, imprévisible. On le serait à moins. Ce qui l'énerve le plus, c'est que son précieux vélo est resté chez son père : retrouver son géniteur pour recouvrer son bien. Il ne pense plus qu'à ça. Et dans ce but, fait un jour l'école buissonnière.

Arrivé dans l'immeuble paternel, il découvre que son père a effectivement joué la fille de l'air. En crise, la gamin renverse et s'agrippe à une jeune femme qui se trouvait là. Le hasard et rien que le hasard. Touchée par l'histoire de ce môme mal aimé, elle accepte de le prendre le week-end afin de lui donner un peu d'attention, un peu d'amour qu'elle paraît avoir à revendre. Mais il lui faudra aussi une bonne dose de patience, car s'occuper de Cyril n'est pas une sinécure...

Le gamin au vélo, ce sont les frères Dardenne et le festival de Cannes. Deux bonnes raisons de se mettre devant sa télé quand le film est programmé à la diffusion. Pourtant, je n'ai jamais été touché, jamais ému de l'aventure de ce gamin, mutin et au visage pourtant inexpressif. Cyril, c'est l'histoire des banlieues défavorisées qui luttent pour s'en sortir, c'est le travail de chaque instant - un combat dans certains cas - des parents pour écarter leur progéniture des embûches dressées sur leur chemin, c'est la violence - les bandes, la drogue, le vol.

Pourtant, devant ce gamin qui pédale sans cesse, je m'ennuie. Les plans s'étirent souvent plus que de raison (une bonne minute au-dessus du lit à contempler le gamin en train de dormir) et il ne se passe pas grand chose. On trouve le gamin bien à plaindre, pourtant il nous insupporte à toujours ruer dans les brancards. On trouve Cécile de France et son empathie héroïques, pourtant on se demande ce qu'elle fout dans cette galère : pourquoi s'est-elle entiché de ce gamin qu'elle n'avait jamais vu et qui l'a simplement bousculée un jour dans une salle d'attente chez le médecin ? A peine vraisemblable même si on veut croire que ce genre de bonne âme existe pour de vrai.

Télérama accordait à ce film trois "T" que je ne comprends pas. Un film sans grand intérêt qu'on suit sans passion. On regarde sa montre en se demandant quand Cécile de France renverra le gamin à son centre pour ado pour reprendre sa vie qu'elle n'aurait jamais dû quitter. On se dit qu'on ne sera jamais famille d'accueil tout en tirant notre chapeau à ceux qui possèdent cette patience.
BibliOrnitho
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le 21 juil. 2014

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