Les frères Dardenne ont leur truc pour donner de l’intérêt à des scènes de la vie qui ailleurs pourraient être fades, sans vie, voire lassantes. Chronique de l’instant, de la banalité d’un parcours de vie, l’enfant sur un vélo. Un garçon à la recherche de son père, l’achat et le vol d’un vélo, la souffrance de ne pas être aimé, ne pas savoir l’exprimer cette souffrance. C’est délivré avec un souci de réalisme teinté de fiction dramatique qui délivre une émotion dénuée de toute ambigüité, et sans tomber dans la mièvrerie des mélodrames habituels. Bon, c’est vrai qu’à un moment j’ai eut envie qu’ils le mettent dans les centres pour jeunes délinquants chers à Ségolène Royal, ce gosse, mais le propos n’est pas là. Ce garçon insupportable et perturbant, est instable et perturbé, et ce que les mots ne disent pas, les gestes et la caméra suffisent à l’exprimer. Cécile De France est sobre et solide comme un rock, et c’est le point d’ancrage autour duquel tourne le gamin à vélo, dans une course folle qui m’a presque donnée le tournis, et qui se termine par un petit miracle, comme on peut le voir parfois au cinéma. Le travail sur les couleurs est visuellement réussit, rappelant les couleurs pures liées à l’enfance, (bleu, jaune, rouge), contrastant et contredisant la dureté des situations, ce rouge corrosif, ce vert acide, comme une sucette à l’anis, menthe, banane, fraise, avec une grosse amande amère au milieu.