Un film des frères Coen, c'est généralement un gage de qualité, et ce n'est pas ce "Hudsucker Proxy" qui va faire mentir cette règle. Le Grand Saut raconte l'infortunée aventure d'un petit diplomé devenu, pour de basses raisons mercantiles et boursicotières, président d'une grande entreprise. Le tout se déroule dans les années 50, en plein essor du modèle capitaliste américain
L'imagerie du film, à mi chemin entre Terry Gilliam et Tim Burton, est superbe tout en étant à la limite de la caricature. Elle présente un New York de carte postale, écrasé par de gigantesques buildings grisâtres qui abritent de grosses corporations exploitant sans vergogne la masse ouvrière. Défilent ensuite une galerie de personnages tous plus improbables les uns que les autres dans des situations qui ne le sont pas moins. Mais comme les frères Coen savent faire un film, cet ensemble caustique à la plastique superbe amuse et intrigue sans jamais sombrer dans la fable moraliste énervante. Une grande réussite donc, fervent témoin du savoir faire indéniable de deux frangins qui n'ont clairement plus rien à prouver.