Le Grand Soir par Cinemaniaque
Kervern et Delépine sont des punks : ils se shootent aux émotions, à l'adrénaline de l'improvisation, s'éclatent avec des potes acteurs sur fond de Wampas et rêvent de refaire le monde à leur image : un beau grand bordel. Leur défaut, c'est de croire qu'un film peut reposer sur ses acteurs et une trame narrative en 3 lignes. Faux : ce qui fonctionne pour Louise Michel et un peu Aaltra ne fonctionnait déjà pas des masses pour Mammuth et plus du tout ici. On tourne en rond, à vide, sans but, un peu comme Not qui traîne ses grolles au zoning commercial du coin. Poelvoorde en paumé tient le coup, Dupontel rame un peu, Brigitte Fontaine fidèle à son personnage public, et les copains qui viennent faire coucou entre 2 et 5 minutes (Depardieu, Lanners, Moreau), mais dans le fond, rien ne bouge vraiment. Ca tombe plus ou moins bien, c'est le message du film : on vit dans une société de merde, mais personne n'a le courage de se rebeller. Le grand soir est, une première dans le style, un film anarcho-réaliste, oxymore de tous ces altermondialistes qui dépendent fondamentalement du capitalisme. Kervern et Delépine ne font pas de grands films mais ils les font avec rage et conviction, où l'authenticité se mêle à la lucidité. Un poil plus de rigueur et on les aura, nos leaders de la révolution culturelle.