Petit point sur une version longue bien nécessaire...
La desolation de Smaug - version longue... 2h55 pour un film que certains trouvaient déjà long... dans ce film, la compagnie devra se séparer de Gandalf pour terminer leur voyage vers la montagne et affronter le Dragon, fléau du peuple de Durin. Le film aura fait couleur beaucoup d'encre, tant par ses qualités et que ses défauts et tout le problème d'une telle analyse est de rester neutre jusqu'à la conclusion. Concrètement, je discernerai 2 axes pour l'analyse de ce film.
Le film se veut donc comme un voyage à travers les territoires de l'est de la Terre du Milieu, permettant d'explorer des régions jamais vue dans la saga, ce qui laissait le champ libre pour la création. Ces lieux réalisés à base de fonds verts, incrustations numériques et décors en studios perdent quelque chose d'important. J'adore les effets spéciaux et le travail qu'il y a derrière, l'art numérique est quelque chose qui me fascine... mais le fait de ne plus avoir de décors naturels est un problème. Car ceux-ci nous permettaient d'avoir l'illusion que la Terre du Milieu était une terre explorable. En ce sens, le tourisme en Nouvelle-Zélande est une conséquence des qualités de la première trilogie car l'illusion que la terre du Milieu est réelle est plus forte... en gros, cela facilite l'entrée dans le film... Il faut reconnaitre qu'il est moins facile d'entrer dans "La désolation de Smaug" que dans les 4 précédants films.
Le rythme joue aussi dans cette équation. Alors qu'il est relativement rapide au début (il faudra moins d'une heure pour que nos héros fuient les mont brumeux, rencontrent Beorn et traversent la forêt noire), celui se ralenti fortement dès que la narration s'éclate entre les différents points de vue et se perde dans des péripéties pas forcément utile (tout ce qui tourne autour de Lacville en gros). Le film est plus prenant sur la fin mais les nombreuses coupures, fautes de goût de montage (maintenues dans la version longue) empêchent le film d'autre au niveau de ce qu'il devrait... Un comparatif tout bête avec les 2 tours. Dès 20 minutes de film, on a un regard sur le Rohan, les enjeux et les menaces qui pèsent dessus... PJ n'a clairement pas gérer Lacville... par le biais de Alfrid, Bard et le maître, il nous présente une situation géopolitique qui se veut fantomatique pour nous et ne suscite donc aucune émotion
On s'attache donc moins aux intrigues secondaires, qui occupent pourtant trop d'espace pour laisser aux personnages principaux (les nains) le temps de correctement se développer. Et ça, c'est vraiment dommage.
A l'inverse, la situation du royaume sylvestre est beaucoup plus intéressante. Avec thranduil, le roi elfe qui veut isoler son territoire et Tauriel, la jeune elfe qui veut ouvrir son pays au monde, on retrouve une intensité intéressante. Cependant, les enjeux posés ne sont pas résolus et se retrouve donc avec une certaine frustration. Sur beaucoup de points, ce film pose des bases (Beorn, le royaume sylvestre, la maladie du dragon, le nécromancien) mais n'en résout que très peu. Il avance l'Histoire et termine le voyage vers la montagne. En ce sens, le film ne devient plus qu'un divertissement en attendant de s'inscrire dans la continuité qu'est cette saga. Et niveau divertissement, on est dans le plutôt bon. Les scènes des tonneaux et les combats contre les araignées, les combats à Dol Guldur
C'est bien l'intervention du Dragon Smaug, déjà mythique qui donne à ce film toute sa force, avec des scènes de dialogues succulentes, une virtuosité qui rend aux Arts Numériques la stature qu'ils méritent, une mise en scène parfaite et une ambiance énorme. Avec prêt de 30 minutes de scènes avec Smaug, on tient là certaines des plus belles séquences jamais vue dans le cinéma Fantastique et rien que pour cela, ce film doit être vu.
Concernant l'atmosphère, on signalera qu'elle est plus effrayante que le précédant volet, on retrouve le style du seigneur des anneaux à Dol Guldur et dans la forêt noire... mais... seulement dans la version longue. La musique d'Howard Shore joue moins sur des thèmes marquants que sur des ambiances, mais si on n'atteint pas les sommets de noirceur de Se7en ou la féerie du Seigneur des anneaux, elles sont très agréables et améliorent suffisamment le film pour dire qu'on ait envie de le revoir
Reste les défauts de puristes comme l'histoire d'amour pas gênante pour un sous, qui occupe peu de temps à l'écran et qui apportera certaines choses au film suivant ou des incohérences inventées de toutes pièces par des gens soucieux de critiquer un film mais n'ayant pas les moyens pour (comme les soit-disantes erreurs de raccord avec le SDA)
Il en ressort un film avec des forces et des faiblesses, qui ne plaira pas à tout le monde en fonction de l'importance que l'on donne à tel ou tel caractère. Selon moi, le film aurait dut être plus long (et non plus court) pour raconter convenablement ce qu'il avait à raconter. Qu'est-ce qu'un voyage si on ne voit pas une nuit où la compagnie passe du temps ensemble ? Pourquoi amener des intrigues à Lacville si on ne voit pas plus que ça la famine qui menace, la rebellion qui menace et que les enjeux ne sont pas posés plus tôt ? Comment peut-on sortir de la forêt noire si on ne voit pas la compagnie y errer pendant plusieurs jours ? Comment voir la vie dans les différents peuple si on ne voit pas leurs fêtes ? Bref, il manque bien 30 minutes au film (à la version longue !)
Que dire sinon que PJ semble avoir été dépassé par sa narration ? Une astuce toute bête n'aurait-elle pas été de faire une coupure dans les séquences de la forêt noire ? Petit moyen pour donner une impression de longueur plus importante à l'errance des nains. Qu'y aurait-on mit ? Une introduction de l'axe Lacville.
Cela aurait parut décousu certes. Mais ça aurait posé la situations dans la première demi-heure et le spectateur se serait donc senti concerné.
Cela a déjà été fait dans "les deux tours" où le Rohan était introduit en début de film, bien avant qu'il ne rentre réellement en jeu dans la trame des principaux protagonistes.
La rencontre avec Bard aurait alors perdu de son côté "surprenant"... mais n'y aurait-elle pas gagnée en monopolisant plus l'attention du spectateur ?