Difficile d'aborder ce hobbit longtemps souhaité, souvent repoussé, et passant de mains en mains avant d'entrevoir enfin ce voyage inattendu.
Je ne suis pourtant pas une fan de la première heure, la trilogie du Seigneur des Anneaux a beau tendre vers le culte, elle n'en demeure pas moins un univers que je ne maîtrise pas.
9 Heures de films avaient finis par m'achever dans cette longue attente sur la destruction de l'anneau. Mais soit, on le revoit avec toujours autant de beauté et avec un irrémédiable souffle épique.
Le problème de Bilbo, bien que l'attente fut longue, ne réside pas pour autant dans cette histoire simplette qu'est le livre de Tolkien, plus abordable à tout public et moins pavé descriptif que la trilogie; non, c'est autre part qu'il faut chercher la source du problème.
Souvenez-vous d'un certain George Lucas, Star Wars avait marqué des générations entières à la fin des années 70, et l'occasion d'une suite dans les années 2000 a soulevé beaucoup de questions. Si les épisodes 4, 5 et 6 ont été choisis en premier c'est bien parce qu'ils furent les plus intéressants. Sauf que trente années séparent les deux trilogies, avec un bond de géant en terme d'effets spéciaux, et un mystère à résoudre sur le plus connu des méchants du cinéma.
Pour Bilbo le Hobbit on était donc en droit de se demander si la première trilogie allait être dépassée par la seconde et quelle était son utilitée. Pour Peter Jackson, seulement 10 ans s'écoulent avec un engouement qui perdra peu à peu de son charme au fur et à mesure que le film sur Bilbo s'éloignait. Et même si il arrive avec une nouvelle technologie (le HFR) avec la 3D en prime on ne peut que constater un effet doublon, d'une copie qui n'est pas très éloignée de ce qui nous avait tant émerveillé.
Ce qui était novateur ne l'est plus, les irréductibles fans seront toujours là, mais le plus large public pariera-t-il sur une autre trilogie d'un livre pourtant plus léger en terme d'histoire ?

L'innovation du HFR représentait un atout majeure pour moi qui n'avait pas du tout envie de me taper du Tolkien (encore), et pourtant je suis une des rares personnes à en dénoncer les méfaits sur nos nouveaux téléviseurs. Je vois cette fluidité qui altère mon traditionnel 24 images par seconde et lutte contre cette tendance imposée qui ne reflète en rien l’âme d'un film. J'ai toujours eu cette impression de voir un soap opera (non pas que j'en vois tout les jours) mais qui historiquement pour moi fais corps avec le pire du pire de la télévision. Alors l'idée d'une fresque d'aventure par Peter jackson en HFR me faisait plutôt peur.
Et en effet j'ai eu beaucoup de mal à trouver crédible ce que je voyais à l'écran (les nains n'ont sûrement pas aidé mon jugement). Comme une géante farce, sans compter sur des mouvements parfois trop rapides (le début en est affligeant), ne laissant pas l'action s'imprimer dans mon œil.
Je peux donc dire que j'aime le ressentis que procure le 24 images par seconde; sans doute est-ce parce que mon œil n'est pas habitué à cette nouvelle ère mais je me fiche de l'image qui paraît saccadée, à trop vouloir rendre fluide ses plans Peter Jackson nous les sert en abondance et on est encore dans une utilisation maladroite sous certains aspects (la rapidité de l'action citée plus haut).
Cependant je reconnais une certaine qualité à cette définition, le réalisme y est impressionnant, affublé de la 3D on ressent une beauté dans l'image et qui sait si à force d'apprendre à notre œil à voir le 48 images par seconde, nous auront ainsi droit à cette fluidité tant recherchée sans pour autant me choquer.

Mais le pire fut pour moi l'histoire, évidement moins épique, on regrette l'épopée de Frodon pour suivre une bande de nains débiles tout droit sortis du Blanche Neige de Tarsem Singh. Le dosimètre n'a pas fonctionné car ce qui était acceptable chez Gimli sur 3 films ne l'est pas chez ces nains là sur 3 heures. Sans compter le morphing de certains très humains par rapport aux autres, comme par hasard le chef des nains doit être beau !
J'ai somnolé la première demi-heure, je l'ai détesté cette introduction avec les nains, j'ai même méprisé Gandalf de nous infliger ça.
Tout le monde se souvient des phrases ridicules de Legolas mais ici on gagne le pompon de la stupidité.
Heureusement quelques soubresauts de l'univers de l'ancienne trilogie refont surface pour nous retenir. Bien que je ne comprenne pas le développement de personnages pourtant secondaires dans le livre, je pense au magicien Brun dont on n'avait nul besoin; où bien ces orques dont on oublie les têtes de vilains pas beaux si emblématiques, et qui d'un coup révèlent une sensibilité sur fond de vengeance personnelle (voilà qu'ils deviennent intelligent d'un coup), elles m'ont bien manqués ces créatures de la trilogie précédente, surtout quand on voit leur gros roi Jabba le Hutt peu convainquant.
Les personnages du Seigneur des Anneaux jalonnent le film, peut être trop présents, que ce soit dans des plans très similaires ou dans des clins d’œils, j'ai été parfois agacé d'être trop souvent ramené à la trilogie. Mais je n'oublie pas le moment culte du film qu'est l'apparition de Gollum, ô pure instant de joie parmi des histoires dans les histoires où le repos n'est pas permis. On apprécie toujours autant la complexité du personnage et cet affrontement fut pour le coup épique et très attendu pour beaucoup d'entre nous.

Au final je vous dirai que je n'ai pas été bluffé par la technologie du film et que vous ne serez pas surpris d'apprendre que l'année prochaine je me passerait de 3 heures de film.
Il va certainement ravir les nouvelles générations, étrange d'ailleurs qu'un film si long mise autant sur les blagues potaches qui font tant rire les enfants et autres ados, 3 heures c'est long tout de même pour un public si jeune. Entre des batailles sans une goutte de sang (attention on vire Twilight à trancher des têtes sans une goutte de gore) et des nains épuisants je ne saurais que vous avertir de ce qui vous attend, un film long, très long, tout ce que vous avez vu dans Le Seigneur des Anneaux sera dans Bilbo le Hobbit mais cela vaut-il la peine de s'émerveiller sur des paysages sans histoires profondes ?
LuluCiné
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le 31 déc. 2012

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