Voili voilou, j'ai vu The Hobbit hier. Je tiens à dire en préambule que parvenir à le voir en 2D et en VOST, même dans une ville comme Lyon, ça devient rare et pour tout dire assez "précieuuuux". Blague à part, j'étais assez mitigé en sortant de la salle.
Je n'avais pas d'attentes particulières : je suis fan de Tolkien avant d'être fan de cinéma, mais j'admets volontiers qu'une adaptation n'a pas à être une copie conforme du bouquin original.
Je vais commencer par ce qui fait mal, ce qui m'a le plus gêné : les nains. On avait vu dans LOTR que Peter Jackson pouvait faire d'un nain (à l'époque, Gimli) un personnage à la fois drôle, autoritaire, et relativement charismatique, tout en gardant les "codes" des nains : la barbe, la silhouette trappue, la mauvaise foi ...
Quand j'ai vu hier que la troupe de joyeux lurons se divisait entre nains "classiques" et nains humanisés (Thorïn, Kili, Fili, Bofur ...), je n'ai eu de cesse de tiquer à chacune des interventions des "semi-hommes" (car c'est de cela qu'il s'agit : ces faux nains ne sont que des hommes d'1m60). C'est pour moi l'échec principal de Peter Jackson sur ce film : ne pas avoir réussi à garder le personnage du nain Thorïn tel quel, comme si la majesté, l'arrogance et la fierté ne pouvaient pas être incarnées par un "vrai" nain. Déception pour ma part, d'autant que Richard Armitage joue très bien. Mais un visage de beau gosse et une barbe d'une semaine, ça n'a rien des attributs d'un nain.
Autre échec : Azog. Relater la bataille d'Azanulbizar, c'était une bonne idée. Inventer qu'Azog a survécu, qu'en plus maintenant c'est le capitaine crochet ... C'est un peu gros, d'autant que cette éternelle poursuite lancée par Azog aurait pu être gardée dans le film, mais avec Bolg, son fils, qui dans le livre est bien décidé à venger la mort de son père, et donc à tuer autant de nains que possible. Dommage.
En parlant de gobelins, j'ai revu la trilogie de LOTR il y a peu, et ça a sûrement influencé le jugement que j'ai eu des vilains pas beaux de ce volet. Je trouve en effet les orques/gobelins tout à fait changés, et pour tout dire assez ratés : on n'a pas l'impression d'avoir affaire au même réalisateur. Les faire albinos, pourquoi pas, mais à ce moment-là, autant garder le mythe des orques qui ne peuvent se déplacer sous la lumière du jour. Ici, ils gambadent joyeusement sous le soleil de midi façon Mary Ingalls. Mais bon, ce serait vraiment être pointilleux que de reprocher ce genre de détails à PJ.
J'ai trouvé la bataille d'Azanulbizar bien amenée, mais ces couleurs pétantes, ce slow motion ... J'avais presque l'impression de revoir une scène de 300. Qu'est devenu le talent pour filmer une bataille "réaliste" (ou en tout cas qui s'en donne l'air) de PJ, qui avait éclaté dans les volets II et III de la trilogie LOTR?
Enfin, le rôle de héros alloué à Bilbo (notamment sur la fin ...) dépasse ce que j'en attendais : ce petit bonhomme-là n'est censé être réellement "brave" que bien plus tard dans l'histoire. Néanmoins, ce personnage est traité de façon bien moins manichéenne que n'avait pu l'être celui de Frodo il y a dix ans. Bilbo hésite, manque rebrousser chemin, n'est pas la bravoure même, là où Frodo n'avait jamais hésité une seconde de ses motivations, de ses capacités etc dans LOTR. Je trouve donc que le personnage de Bilbo est mieux traité que celui de Frodo à l'époque, donc bravo à PJ pour ces progrès.
Et allons-y pour les réussites du film : L'intégration d'éléments absents du livre, mais présents dans les appendices (tout ce qui est lié au nécromancien), était globalement bien amenée. Cette (re)connaissance de l'univers de Tolkien, au-delà du simple conte, est assez plaisante à voir incarnée, notamment les réticences de Saruman lors du conseil à Rivendell.
Je serais tenté de remercier Peter Jackson pour avoir réussi à garder certains aspects du conte enfantin (la scène du repas des nains chez Bilbo est excellente), tout en introduisant les éléments, existant chez Tolkien, qui annoncent le retour de Sauron. On a beau aimer le conte pour enfants qu'est The Hobbit, il a, dans l'univers de Tolkien, des origines et des conséquences liées à ce qui se passera dans LOTR : Gandalf ne s'interesse à cette quête d'Erebor que pour détruire Smaug, que Sauron pourrait utiliser.
Cela dit, une petit hic me revient en mémoire : la rencontre semi-érotique entre Gandalf et Galadriel, c'est vraiment too much pour moi. C'est un ajout assez malheureux, car il n'est suivi (et donc annoncé) ni dans la trilogie LOTR, ni dans l'oeuvre originale, ni dans la suite du film. Que l'histoire en soi manque de féminité pour plaire au très grand public, je veux bien, mais on voit là un des rares abus occasionnés par l'incorporation de Galadriel dans la trame, et c'est dommage.
On retrouve avec plaisir Rivendell, Elrond et consorts. Christopher Lee, toujours le même malgré l'âge, est bien rajeuni par un barbe moins blanche. Je me demandais comment 2h45 allaient pouvoir passer en une moitié de Hobbit, eh bien je ne suis pas déçu : je n'ai rien trouvé de trop, si ce n'est la mutation d'Azog en Capitaine Crochet. Peter Jackson prend son temps et ne nous fait pas perdre le nôtre, c'est assez agréable, et la coupure pour envisager le second film est bien trouvée.
Ce film a des défauts, et je m'y suis (trop?) longuement arrêté, mais les qualités de l'histoire et de l'univers de Tolkien, ainsi que celle de l'adaptateur parviennent tout de même à me rendre impatient de voir la suite, tant pour voir comment sera accomplie la quête d'Erebor que pour voir comment les autres enjeux (que d'aucuns qualifient de prequel, à mon grand désarroi) seront traités.
Vite, la suite !
PaulChiozzorro
7
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Créée

le 17 déc. 2012

Modifiée

le 11 févr. 2013

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PaulChiozzorro

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