Le Lorax
5.5
Le Lorax

Long-métrage d'animation de Chris Renaud (2012)

Avant de fustiger à tout va, il est toujours bon de faire une recherche en amont pour voir d’où vient telle ou telle idée. D’abord, qui est ce Lorax, ce petit bestiau orange moustachu doté d’un nom de médicament douteux ? Comme souvent, on nous « impose » un univers comme s’il faisait pleinement partie de la culture européenne, sans préambule, sans explication réelle. Du coup, comme on avait pu le ressentir avec John Carter, on est à la fois intrigué par l’inconnu et agacé par le manque d’éclaircissement.

Le Lorax, vous l’aurez lu partout, c’est une invention de feu monsieur Theodor Seuss Geisel (soit le Dr. Seuss), lui-même à la tête de personnages étranges comme le Grinch ou le Chat chapeauté (interprétés au cinéma respectivement par Jim Carrey et Mike Myers... montrant aisément le côté loufoque du travail du spécialiste américain de contes pour enfants). Le Lorax c’est un petit bouquin d’une cinquantaine de pages, ce qui, on l’avouera, a dû donner un défi de taille pour Chris Renaud et Kyle Balda pour l’adapter en un long-métrage d’une heure et demie.

Passé cet élément notoire, on rentre dans une narration assez étrange. Le Lorax est un conte basé sur une moralité plutôt bancale des méfaits de la déforestation. L’histoire se déroule en deux temps. L’un se déroule dans le présent où l’on voit un garçonnet plutôt insipide, vivant dans sa ville artificielle, poussé à se rendre à l’extérieur récupérer un arbre pour l’offrir à sa voisine dont il est secrètement amoureux... le coquin. L’autre temps, qui prend la majorité du film, se base sur un flash-back donnant les raisons de la déforestation de ce micro-univers. Soit, on découvre plutôt tardivement ce Lorax, gardien de la forêt venant répandre sa bonté et ses bonnes paroles. Telle une bestiole timorée et transparente qu’un inconnu viendrait écraser, involontairement, sous son pied, sans y avoir prêté attention : voilà ce à quoi nous fait penser le Lorax. En d’autres termes, il ne sert à rien et n’influe strictement en rien dans ce récit. Apparaissant sous un effet pyrotechnique certain, sa seule réponse à la provocation d’un « montre de quoi tu es capable ? » sera un honteux « Non, ce n’est pas comme ça que ça marche ! ». Mais que... comment... pourquoi ? Vous voyez le genre... C’est purement et catégoriquement frustrant. En voyant l’affiche française du film, le moustachu s’étendant sur plus de la moitié, on se dit que la communication autour du personnage est complètement faussée (l’une des affiches US est peut-être plus en phase malgré tout) et que finalement, le seul héros est bel est bien Ted, le gamin, dont la seule motivation est de satisfaire sa libido latente.

Sur le plan technique, le film s’en sort très bien. L’animation est fluide, chatoyante, nette et sans bavure. La ville artificielle de Thneedville est originale mais on reconnait, dans cette quête au végétal rare et dans cette situation d’une société qui s’est mise à vivre de façon hyper contrôlée et sans nature, une certaine ressemblance avec le Wall-E de Disney. Bien sûr le sujet, ici, est plus ancien que le film d’Andrew Stanton mais au moins Wall-E partait du principe que les gens, ayant déserté la Terre quelques sept cent ans plus tôt, ne savaient plus comment pouvait être une surface naturelle, à l’air libre, remplie de plantations. L’ignoble Aloysius O’Hare (faisant immédiatement penser, entre autres, à Edna Mode des Indestructibles) devenant subitement un business man, contrôlant la vente de l’air ainsi que « sa » ville bien-aimée, fait croire que les gens, même les plus âgés, auraient oublié ce qu’il y avait avant. Conte ou pas, il est à noter ici l’incohérence scénaristique. Musicalement, on retrouve sans surprise un habitué de l’animation, John Powell, qui livre une bande originale énergique, enjouée et expressive. Associé à Cinco Paul pour les nombreux thèmes musicaux du film, Powell livre des chansonnettes (originales en anglais mais imbuvables en français) dignes des comédies musicales made in Disney dans la trempe des High School Musical et compagnie avec, dans notre cas, un groupement appelé The Lorax Singers. Ca dégouline de bons sentiments, ça chante et ça danse en groupe... mais tout ça sans le Lorax, bien entendu.

Le Lorax n’a donc pas ces qualités de pouvoir s’adapter à toutes les tranches d’âge. Enfants, on doit être émerveillé par les chansons et par les couleurs et les bébêtes qui défilent. On trouvera la moralité un peu grossière quoiqu’adaptée en ces temps de sensibilisations environnementales.
Gaeru83
6
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Créée

le 19 juil. 2012

Modifiée

le 20 juil. 2012

Critique lue 336 fois

Gaël Barzin

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