Rien qu'à sa façon de jouer (en général n'importe comment) dans ses premiers films des 80's, on sent qu'Eric Roberts aspirait à une grande carrière, et qu'il voulait vraiment qu'on le remarque (NOTE : il est exceptionnel dans le film "Star 80" et beaucoup plus subtil que d'habitude).

Après ça doit être difficile de percer dans le milieu quand on a la tronche de Julia Roberts (en version gueule cassée).

Et puis suite un rapide coup d'oeil sur sa fiche IMDB, on constate que le type pourtant assez méconnu du grand public, a joué dans...

367 films, et près d'une centaine à venir pour l'année 2015. Soit le Michel Galabru américain.

C'est simple Eric Roberts accepte tout et n'importe quoi (même une pige dans une pub avec Zahia), en général des rôles tournés en un jour pour des nanars, des séries Z, des blockbusters (il était pour moi le seul élément positif du Dark Knight par exemple), des direct to dvd...
Quel que soit le projet, Eric Roberts est trop accro à son métier pour refuser de cachetonner.

Il réinvente le métier d'acteur, à la recherche du jeu le plus expressionniste qui soit.
Entre autres exemples, on peut penser à Nicolas Cage dans Volte face, aux pires heures de Tommy Lee Jones (Batman Forever / Natural Born Killer), ou encore aux débuts concomitants d'Andy Garcia dans le très moyen "huit millions de façons de mourir".

Un jeu tout en agitation, tonalités de voix irritantes,poses grotesques, et en exagération à tous les niveaux..
Bref, un cocktail d'éléments qui mal dosés peuvent devenir rapidement exaspérants.
Eric Roberts étant un expérimentateur fou, ça passe où ça casse.

Ca cassait dans le très mauvais "Runaway Train", et "Le pape de Greenwich Village" pouvait augurer du pire, quand on ajoute à ces ingrédients, une indécente épaisse moumoute frisée en guise d'ornement capillaire (rappellant le Sean Penn de Carlito's Way, autre acteur réputé pour sa sobriété), et toujours cette horrible habitude de manger la moitié des mots, et de ponctuer toutes ses phrases par d'affreux "Hey Man".

Et puis bon globalement, "Le pape..." n'est ni plus ni moins qu'un buddy movie avec pour deux héros principaux Eric Roberts donc, et Mickey Rourke qui peut lui aussi être abominablement mauvais quand il n'est pas dirigé. Donc ça fait nécessairement un peu flipper.

Au bout du compte, "Le pape..." est une bonne surprise, et mon 6 est un peu sévère. Disons que c'est pratiquement un 7. Et que même si j'ai mis du temps, j'ai réussi à rentrer dans l'histoire de ce parent pauvre de "Mean streets", suivant le parcours de deux cousins à New York, l'un chien fou (Eric Roberts évidemment), et l'autre plus posé (Mickey Rourke), à la recherche du succès.

L'alchimie fonctionne plutôt bien entre les deux comédiens, qui réussissent à se compléter.
Bon, globalement Roberts mange Rourke, par son jeu excessif, mais Rourke n'en reste pas moins indispensable, et parvient à rééquilibrer le film, par son jeu plus en retrait et plus calme.

Le scénario est un peu anecdotique, bon nombre de séquences sont inutiles et rendent le visionnage un peu laborieux (surtout dans la première moitié, le film met un temps fou à décoller, mais il décolle quand même), des personnages secondaires se multiplient et n'apportent rien(Daryl Hannah notamment, qui semble condamnée à la fadeur si elle n'est pas surmaquillée comme une voiture volée(Blade Runner), où si elle n'a pas un cache-oeil de pirate (Kill Bill)). Mais le film se sauve grâce à l'installation progressive d'une tension de plus en plus prenante.
Les séquences ne cessent de s'étirer et font ressentir clairement l'arrivée imminente d'un danger pour des héros pourtant très insouciants et enchaînant conneries sur conneries, sans qu'on ne sache d'où il finira par arriver.

Bref l'air de rien, le film devient captivant, et tout en gardant un ton léger et drôle, ce qui est toujours un gage de qualité.

Malgré un final un peu expédié, le film est donc une bonne surprise pas du tout désagréable avec une petite partie "Caper movie" pas trop mal faite, et globalement c'est du niveau des polars plutôt chouettes des 80's du type "Police Fédérale Los Angeles" (voire même meilleur, peut-être un 7 avec le temps qui sait...).
KingRabbit
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Journal du roi lapin - Films (2014) et Bilan de l'année - 1984

Créée

le 10 sept. 2014

Critique lue 844 fois

9 j'aime

KingRabbit

Écrit par

Critique lue 844 fois

9

D'autres avis sur Le Pape de Greenwich Village

Le Pape de Greenwich Village
Ticket_007
7

"La grande illusion" de petits voyous !

Préambul(l)e : vu le titre de film, je me mets illico sur mes gardes (Suisses !) pour écrire sans trop pontifier ! Dire que bien souvent on passe à côté d'un bon film simplement parce que son titre,...

le 12 avr. 2017

4 j'aime

6

Le Pape de Greenwich Village
Anomalies
6

Je suis dans la merde, tu peux me donner un coup de pouce?

Le pape de Greewich Village est un film sorti en 1984, tourné en décor réel dans les rues de New york. C'est l'un des gros points positifs, car cela donne vie au film et un style tout particulier. Il...

le 28 févr. 2014

2 j'aime

Le Pape de Greenwich Village
Caine78
5

Critique de Le Pape de Greenwich Village par Caine78

Doté d'une bonne réputation, je dois avouer être dubitatif devant ce « Pape de Greenwich Village ». Oh il n'est pas mauvais le film de Stuart Rosenberg, mais au fond tellement banal... On nous refait...

le 4 avr. 2018

1 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
KingRabbit
8

Peckinpah Hardcore

Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...

le 25 déc. 2015

259 j'aime

26

Batman & Robin
KingRabbit
9

Pourquoi j'aime (sincèrement) "Batman et Robin"

Je vois bien ce petit jeu qui consiste à se moquer plutôt méchamment et bassement de ce film en tournant en dérision tous ses côtés un peu débiles volontaires ou non. Mais j'aime vraiment bien Batman...

le 16 juin 2013

162 j'aime

25

Battle Royale
KingRabbit
7

Souvenirs de collège

Je me souviens, il y a une douzaine d'années, quand je n'étais qu'un collégien d'1m57, de la salle de perm, à la cour, jusqu'aux couloirs étroits menant au réfectoire, se murmuraient avec insistance...

le 8 sept. 2013

119 j'aime

5