Habituée aux envolées lyriques tout comme au bashage en règle (quand il le faut), je vais réguler un peu mon flot verbal dans cette critique du Parrain, tout simplement parce qu'il y a déjà 141 critiques sur le site, et que je ne pense pas qu'en ajoutant la mienne, je vais apporter quoique ce soit. Donc oui, Le Parrain a un casting de rêve et Coppola a une manière de filmer sa fresque qui émoustillerait n'importe quel narratologue. Oui, Le Parrain est tout cela, et bien plus encore.

Mais il y a un point sur lequel je voulais m'attarder un peu plus et qui fait qu'à mes yeux, ce film est un véritable chef-d’œuvre : c'est notre implication, nous spectateurs, dans ce qui se passe à l'écran. Quand on vous parle du Parrain aujourd'hui, on vous sort tout de suite la mafia, Don Corleone, "Godfather's Waltz" ou encore la tête de cheval. Avant même d'avoir vu le film, toutes ces références vous conditionnent et vous préparent à un film de gangster.

Coppola a réussi à tous nous feinter avec brio, et cela grâce au personnage de Michael Corleone. Ce dernier met un peu de temps à arriver dans le film, contrairement au Don, et pourtant c'est vers lui que nous nous tournons assez rapidement. Il est assez distant avec le reste de sa famille, tout comme nous, spectateurs, le sommes. Et au fur et à mesure que les événements se déroulent, nous sommes également amenés à reconsidérer notre vision des choses. Nous ne sommes plus face à une guerre entre mafias, mais face à des rivaux qui mettent notre famille en péril. A partir de ce moment-là, le puissant Vito Corleone devient à nos yeux un père, et même un grand-père, bienveillant et les pertes subies par la famille nous touchent également. Et c'est de fil en aiguille que nous mettons le doigt dans l'engrenage, tout comme Michael, et que nous devenons complices d'actes que nous aurions réprouvés auparavant.

On peut comprendre les motivations intrinsèques de Michael. Après tout, on touche à sa famille. Mais qui sommes-nous dans cette histoire ? Pourquoi, inconsciemment, prenons-nous parti dans cette histoire de mafiosas ? Et surtout, comment nous y sommes-nous retrouvés ? Tout simplement grâce à l'image. Nous avons été influencés par des images. Un coup de maître, vous disais-je !
Nolwenn-Allison
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le 1 mai 2013

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