Attention ! Spoils et fautes d'orthographe possiblement présents, poursuivez votre lecture à vos risques et périls ! Par ailleurs, désolé pour le double jeu de mots dans le titre mais je n'avais pas d'autres idées. Promis, il n'y en a aucun dans la critique !


Quatrième film, quatrième adaptation pour Zack Snyder puisqu'après avoir réalisé le remake de Zombie et transposé au cinéma deux comics (300 et Watchmen), le réalisateur s'occupe alors de mettre en scène Le Royaume de Ga'Hoole : La Légende des Gardiens, inspiré de la série de livres Le Royaume de Ga'Hoole écrite par Kathryn Latsky. Mais au contraire de ses précédentes oeuvres, Zack Snyder va cette fois-ci réaliser un film d'animation entièrement en images de synthèse, ce qui se prête d'ailleurs bien à ses ambitions visuelles souvent colorées.


Ainsi, dans un univers fantasy plutôt enfantin (sans non plus être dégoulinant de naïveté), le film raconte pendant 1h30 l'histoire de Soren, une jeune chouette adorant les histoires légendaires et leurs héros, qui va être capturé avec son frère Kludd par les Sang-Purs, un clan de chouettes fanatiques se croyant supérieur. Bien que Kludd adhère aux idées des Sangs-Purs, Soren va lui s'échapper de leur repaire et après avoir rencontré plusieurs autres chouettes qui vont devenir ses alliés, il va se mettre en route pour trouver les gardiens de Ga'Hoole, les héros des mythes qui ont bercé son enfance. Avec eux, il prévoit de déjouer le plan machiavélique de Bec d'Acier et Nyra, chefs des Sangs-Purs, consistant à établir une hiérarchie entre les chouettes où les races "impures" sont les esclaves des Sangs-Purs.


Toute cette histoire, bien que plutôt simple, arrive à tenir en haleine le spectateur et brasse parallèlement une multitude de thèmes. En effet, bien que le scénario soit manichéen et oppose les partisans d'un régime fasciste (les Sangs-Purs) à des héros exempts de tout reproche (Soren, ses amis et les gardiens de Ga'Hoole) afin d'instaurer un souffle épique, il propose aussi une réflexion autour des légendes et des héros, de l'identité et du passage à l'âge adulte (Soren arrêtant de vivre des aventures par procuration à travers les mythes pour agir dans le présent) tout en abordant aussi les thèmes du fascisme, des relations familiales, de l'apprentissage nécessaire à la progression, des désillusions ou encore des rapports entre l'ancienne et la nouvelle génération. Mais le thème le plus important du film est sans doute la corrélation entre mythes et réalité, la distinction entre les deux n'étant pas si évidente et la manipulation des mythes du passé pouvant avoir pour effet la manipulation de la réalité du présent, comme le montrent les discours de Bec d'Acier. Cependant, le problème est que cette densité thématique n'est pas adaptée à la faible durée du film et que pas mal de ces éléments n'ont donc que le mérite d'être présents, à défaut d'être correctement développés.


En ce qui concerne les personnages, ils sont plutôt nombreux et en plus d'être particulièrement hauts en couleur, ils permettent aussi d'apporter une vision du monde originale étant donné que ce sont des animaux. Malheureusement, encore une fois à cause de la courte durée du film mais aussi de leur nombre important, les personnages sont pour la plupart peu développés et se résument pratiquement tous à des archétypes et leurs évolutions tout au long du scénario sont souvent prévisibles. L'attachement envers les personnages est donc quelque peu limité...


Cependant, malgré un traitement scénaristique maladroit bien qu'ambitieux, ce qui frappe d'emblée dans ce film, c'est sa direction artistique et sa technique irréprochable. Visuellement époustouflant et très coloré, Le Royaume de Ga'Hoole assure de magnifiques effets d'ombres et de lumière, des décors majestueux et fouillés ou encore des animations bluffantes et détaillés, les expressions faciales de chouettes étant d'ailleurs impressionnantes ! De plus, tout cela est mis en valeur par une réalisation tantôt imposante (pour iconiser les décors et les personnages par exemple), tantôt aérienne et virevoltante (ce qui s'accorde admirablement bien avec les séquences de vol). Multipliant les choix de plan ingénieux, les plans-séquences et bien évidemment les inévitables ralentis caractéristiques du cinéma de Zack Snyder, la réalisation arrive aussi à magnifier les combats entre les chouettes, ceux-ci étant peu nombreux mais néanmoins héroïques et supportés par une bonne musique rappelant cependant la B.O. d'une célèbre saga de fantasy...


Mais bien que le film soit formellement impressionnant et que la 3D soit somme toute assez sympathique, Zack Snyder en fait quelques fois trop au niveau de la mise en scène avec par exemple de nombreux ralentis dispensables (même si ça participe après tout au charme et à l'identité de la filmographie de Snyder) ou des plans un peu clichés, des problèmes d'ailleurs déjà présents dans 300 et que le réalisateur avait pourtant corrigé dans Watchmen. À cela s'ajoutent des retournements de situation parfois prévisibles, des facilités scénaristiques évidentes (des objets et des personnages étant comme par hasard souvent au bon endroit au bon moment) et surtout une alternance pas très maîtrisée entre le premier et le second degré qui pourrait prêter un peu à confusion.


Malgré tous ces défauts, on ne peut s'empêcher de prendre du plaisir à voir ce film d'animation (trop) ambitieux abordant des thématiques (trop) nombreuses et quelquefois étonnantes pour une oeuvre s'adressant premièrement à des enfants. Cela grâce à la patte si caractéristique de Zack Snyder qui arrive à rendre palpitant et époustouflant le voyage initiatique de Soren à l'aide d'une réalisation de haute volée !

Lamortsure
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Zack Snyder, l'esthète controversé

Créée

le 6 avr. 2015

Critique lue 1.1K fois

23 j'aime

Lamortsure

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

23

D'autres avis sur Le Royaume de Ga'Hoole - La légende des gardiens

Le Royaume de Ga'Hoole - La légende des gardiens
Gand-Alf
8

Vous n'aurez plus peur de dire: "J'aime les chouetttes !".

L'idée de voir le metteur en scène vénère de "L'armée des morts" et de "300" donner dans le film de chouettes numériques m'avait laissé avec une paralysie faciale pendant quelques jours, le temps en...

le 27 mai 2013

25 j'aime

2

Du même critique

Sucker Punch
Lamortsure
9

Entre réalité et illusion(s)

Attention ! Spoils et fautes d'orthographe possiblement présents, poursuivez votre lecture à vos risques et périls. Enfin ! Pour son cinquième long-métrage et huit ans après son début de carrière...

le 1 mai 2015

43 j'aime

8

L'Armée des morts
Lamortsure
8

Dawn of Zack Snyder

Attention ! Spoils et fautes d'orthographe possiblement présents : poursuivez votre lecture à vos risques et périls ! Pour son premier film, Zack Snyder signe un très bon remake du Zombie de Romero...

le 4 mars 2015

30 j'aime

5