C'est dans un Japon subissant les bombardements américains lors de la Seconde Guerre mondiale que Seita, un adolescent de quatorze ans, s'occupe de sa petite sœur. Livrés à eux-même, ils vont tenter de survivre.

"The horror... the horror..." disait Brando dans "Apocalypse Now" et c'est dans l'horreur de la Seconde Guerre mondiale que sont plongés Seita et sa sœur, obligés de changer régulièrement de lieu, se retrouvant confronté à eux-même dans un pays où la nourriture manque et les bombardements sont incessants. Ils doivent se battre contre la maladie, la pénurie mais aussi eux-même pour ne jamais craquer. C'est dans cette adversité qu'ils vont tenter de se créer un monde utopique et idyllique, en espérant que la misère et l'horreur ne les touchent jamais.

C'est une vague d'émotions et d'humanisme qui ressort de ce récit, dont la tristesse n'est jamais lourde ou trop démonstrative mais toujours juste et puissante. Les personnages sont vite intéressants et deviennent attachants, notamment dans la bulle qu'ils tentent de se créer et dans la façon dont Seita tente de protéger sa soeur, tant physiquement que mentalement. Malgré cette horreur permanente, ils tentent de rigoler, d'oublier et de jouer et c'est tout en délicatesse que Takahata le met en scène, sachant faire ressortir quelques rires dans cette tragédie ambiante.

D'un réalisme quasi-documentaire, il s'attache à ce qu'était cette guerre pour des habitants qui subissaient ça, et à nouveau, il ne tombe pas dans le misérabilisme. Regorgeant de moments beaux et poétiques, il dévoile un bon nombre d'idées ingénieuses et dresse le portrait de personnages consistants. Tout le long intense, "Le tombeau des lucioles" bénéficie aussi d'une partition faisant corps avec l'atmosphère et un graphisme aussi réaliste que beau.

Tragédie en pleine guerre où deux enfants tentent de se construire une utopie malgré la guerre qui les entoure, faisant preuve d'un courage à toute épreuve face à l'horreur de la nature humaine. Un animé bouleversant sans tomber dans le pathétique, toujours juste et brillant. Une magnifique oeuvre.

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le 16 févr. 2015

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Docteur_Jivago

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