C’est un peu ce que ce film raconte, globalement. Partout où les humains passent, ils sèment la mort et la désolation. Plus que le voyage d’une petite tortue verte, cette œuvre dévoile surtout tous les dégâts provoqués par l’espèce humaine sur la faune et la flore sous-marine. Là où Némo restait somme toute l’aventure d’un poisson-clown à la recherche de son fils, Samy est le témoin de la destruction de son habitat.

Bon, dit comme ça, c’est clair que ça ne donne pas spécialement envie de voir ce film. Et pourtant, c’est là tout l’intérêt de ce périple. En effet, à côté de ça, il n’y a pas grand-chose d’inédit ni de très intéressant. Samy est une tortue assez feignante sur les bords, avec un instinct de survie au point mort. Pour tout vous dire, il passe les trois-quarts du film hors de l’eau à se laisser porter par des débris ou à bronzer sur la plage (pour une tortue marine, ce n’est quand même pas l’idéal, et encore moins en plein cagnard). En plus de ça, s’il est marrant au début de par sa naïveté, il devient vite barbant à déprimer toutes les cinq minutes (soit, il lui arrive plein de bricoles, mais ce n’est pas une raison).

Il faut dire qu’à l’inverse des studios Pixar, le réalisateur a ici choisi de ne pas attribuer un compagnon de galère unique au héros mais plusieurs qui apparaissent par intermittence. De fait, lorsque l’un d’eux disparaît, le moral du héros plonge dans les abysses. Et ça, pour un film d’animation pour enfants, c’est une idée assez singulière (et pour un adulte, c’est assez – pardonnez-moi l’expression – chiant).

Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, le concept de départ consistait à suivre le parcours initiatique d’une jeune tortue de mer qui, dès sa sortie de l’œuf doit déjà affronter un petit paquet d’obstacles (sortir du trou est déjà difficile et ça ne va pas en s’arrangeant avec les goélands qui viennent faire leur marché). Là où ça devient cocasse, c’est que, scientifiquement parlant, on ne sait absolument rien de ce qu’il se passe entre le moment où les juvéniles piquent leur première tête et le moment où ils deviennent adultes. Par conséquent, le réalisateur est obligé de broder avec le peu que l’on sait avant de finalement dévier sur tout autre chose : un voyage autour du monde. Ceci dit, le titre du film est assez mensonger : ces aventures n’ont absolument rien d’extraordinaires (dans le sens merveilleux du terme).

Certes, Samy fait la rencontre d’une jeune tortue luth avec qui il devient super pote. On apprend par la même occasion que les deux espèces n’ont pas le même régime alimentaire (Samy mange des algues quand Ray boulotte des méduses). Puis ils rencontrent une marée noire qui ruine en quelques secondes un superbe récif (sans savoir comment ça se passe réellement, j’ai bien aimé cette scène), des filets de pêche géants qui raclent les fonds marins (déjà vus dans Némo mais ça ne fait pas de mal de les revoir), des sacs plastiques, un grand requin blanc, une écluse, un cargo qui balance ses déchets par-dessus bord (bidon d’essence, vieux frigo) et enfin, un baleinier. Une menace naturelle sur sept.

L’Homme est ici clairement pointé du doigt. Même si les studios ont tenté de contrebalancer la chose en montrant des hippies et des membres d’une ONG très similaire à Greenpeace, le message accusateur est trop marqué pour passer inaperçu. Ca n’a rien d’une mauvaise idée en soi – si ça peut donner envie aux gamins de faire attention à la vie marine – mais ça rend le titre et l’affiche du film assez peu adéquats. Personnellement, j’ai été très surprise du ton de cette œuvre.

A côté de ça, le studio à l’origine de Samy et ses compagnons a nettement moins de moyen que son rival aux grandes oreilles. L’animation est plutôt bonne mais certaines images de synthèse piquent les yeux (sous l’eau, ça va mais dès que l’on fait surface, le rendu de l’eau est très laid). Très peu de personnages ont une voix. Là où Marin pouvait communiquer avec tous les poissons, les raies, les requins, les oiseaux et les crabes ; Samy ne peut ici parler quasiment qu’aux autres tortues (plus : une pieuvre, un chat, une mouette, une baleine et un phoque). Tous les autres, à défaut de comédiens de doublage, sont des êtres muets. Et enfin, les scènes sont régulièrement entrecoupées de plans sur une mappemonde où le héros est présenté de manière schématique, avec quelques gribouillis autour pour signaler quelques bestioles de passage. Ces extraits sont censés indiquer où Samy se trouve et vers où il se dirige. Cependant, ces scènes sont assez courtes et n’ont qu’un intérêt mineur au final puisqu’il ne parcourt pas la planète entière (seulement les côtes américaines).

En conclusion, à voir plus pour le message délivré par le film que pour les images, l’humour ou l’action.
NicodemusLily
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le 29 août 2014

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