L'animal que donc je suis.
Ce splendide film d’animation japonais de Mamoru Hosoda est ce genre d’histoire qui vous hante longtemps et dont on peut faire des relectures multiples.
Long conte métaphorique d’une grande poésie et beauté incontestable, il surprend tant par sa narration subtile, de grande qualité que par ses chocs émotionnels répétés et son esthétisme extrêmement précis jusque dans les moindres détails. Son intelligence et ces qualités formelles et narratives nous feront justement passer sur la dose de mélodrame peut être un peu forcée et les petites longueurs, cela étant les seuls défaut dont on peut inculper mais dont on les disculpe bien vite car le film rempli par ailleurs de psychologie et de pertinence.Impossible au final de ne pas s’incliner devant une telle sensibilité narrative et un sens artistique pour le moins impressionnant.
A l’université, une jeune femme timide rencontre un garçon étrange et solitaire qui l’attire, il s’avère être mi-homme, mi-loup, elle parvient à apprivoiser ce jeune-homme loup hors du commun et les sentiments s’avèrent réciproque. Elle tombe enceinte deux fois à un an d’intervalle, une fille et un garçon. Une intrépide et un craintif. Le père chasse pour ses petits. Mais un jour, il ne rentre pas sain et sauf d’une de ces parties de chasse.
Hana se retrouve seule pour élever ces deux enfants loups et ça ne s’avère pas une chose simple, comment gérer cette ambiguité homme/animal (et où est la limite, qui doit la fixer?) Les petits eux, encore insousciants et inconscients de la difficulté de leur condition, se transforment comme bon leur semble, jouant tantôt en louveteaux, tantôt en bambins. Hana doit veiller à ce que leur secret ne soit pas découvert par le reste du monde et gérer les colères de l’impétueuse Yuki, on la voit protéger ces êtres différents du reste du monde et assumer cet étrange double-bind dans sa solitude urbaine. Pourtant, en mère forte et digne, elle garde toujours le sourire quoi qu’il arrive. Comprenant que le poids du secret est trop lourd pour élever ses enfants si particulier en ville, elle comprend qu’il lui faut déménager, elle décide de s’installer into the wild à la grande joie de Yuki qui peut donner libre cours à ses envies de liberté et son frère Ame, s’endurcir un peu. C’est donc loin de la ville qu’ils grandissent au fil du temps et des saisons, Yuki qui était la louvetaude impétueuse étant enfant, après avoir souffert de sa différence, choisira finalement d’aller vers un monde humain, Ame, lui, contre toute attente, préférera la solitude de la montagne et sa forme animale, loin de la ville.
La jeune louve belliqueuse devient une jeune femme du monde, le petit garçon peureux devient le grand loup indépendant, Ainsi grandir c’est bien (se) choisir. Leurs choix respectifs seront d’ailleurs étonnants et témoignant d’une véritable évolution et engendrant autant par leur destinée que leur décision, une pensée sur la différence et la possibilité de vivre avec.