Le passé de flic d’Olivier Marchal donne à ses films une authenticité. Leurs gueules cassées, leur jargon, leur noirceur, leurs histoires de flics, en font presque des documentaires. Il est plus d’une fois parvenu à mettre son expérience et son passé au service d’une mise en scène et d’un scénario rigoureux et appliqués. Le voir réaliser un film sur le gang des lyonnais, choisir un casting de haute tenue et s’inspirer de Michel Neyret, le dernier « superflic » de France, récemment tombé, pour créer un des personnages du film, donnait l’eau à la bouche. Malheureusement, le film sonne terriblement creux.
Tout d'abord, l’histoire du gang des lyonnais n’est pas le point central de l’histoire. Elle n’est qu'une excuse pour justifier certains flash-back plus ou moins bien faits. Le film se passe de nos jours, dans un présent où les lyonnais sont devenus des sexagénaires vieillissants, désireux de se ranger définitivement et de couler des jours heureux avec leurs petits-enfants. Mais après tout, pourquoi pas ? « Un voyou en sommeil reste un voyou » glisse le superflic à Gérard Lanvin, dans une des rares scènes intéressantes du film, qui ressemble à la mythique scène de « Heat » entre De Niro et Pacino. Olivier Marchal y communique son obsession pour les rapports qu’entretenaient les flics et les voyous, à l’époque de ce fameux « code d’honneur ».
Un film sur les meilleurs braqueurs de Lyon qui remettent le couvert une dernière fois, après plusieurs années de silence, au nom de l’honneur justement, paraissait prometteur. Cependant, pendant une heure et demie, on attend. On attend que le film commence. On est chez Olivier Marchal, on est donc en droit d'espérer quelque chose, n’importe quoi. Mais tout ce que l’on voit, ce sont des acteurs qui ont l’air de ne pas savoir ce qu’ils font là (on retiendra particulièrement Gérard Lanvin, et surtout sa coupe de cheveux…), des dialogues à la limite du ridicule à force de clichés (« Un homme qui frappe sa femme, c’est pas un homme » ou « Un homme qui bande, c’est un homme dangereux ») et, surtout, la criante absence de Lyon. Trois scènes, au grand maximum, ont dû y être tournées. Pour une fois qu’un film français de gangsters (voire un film français, tout court) ne se passe pas à Paris, on aurait été heureux de voir l'histoire se dérouler dans un autre décor. Il n’en est rien, et c’est bien dommage. Le film n'est qu'un règlement de compte, une succession de meurtres et de tortures. Un membre du clan A, puis un membre du clan B, chacun son tour, l'un après l'autre, et cela jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un.
Le premier film intégralement raté d’Olivier Marchal.