Critique de Les Moissons du ciel par LuluCiné
Ah Terrence, si Les Moissons du Ciel sont en effet plus proches de ton travail que la Ballade Sauvage, d'un point de vue de la mise en scène et surtout de la photographie mes émotions n'ont pas été chamboulé, loin du ressenti du Nouveau Monde.
Chaque plan est d'une beauté incroyable, je pense que là-dessus tout le monde s'accorde. Qui plus est le casting est envoûtant, mention spéciale aux actrices ; et cet aspect documentaire qui colore le film est plutôt appréciable. Mais cette voix off me met à distance, et je n'ai pas succombé au drame qui se joue. C'est au final ce qui m'a le plus manqué, des envolés dramatiques à retourner mon cœur de midinette, mais c'est finalement une question très personnelle. Cela ne déroge en rien ton travail extraordinaire sur le sensoriel et cette recherche du cadrage parfait.
Si le scénario soulève l'éthique, il est agréable que ce soit fait en finesse, sans appuyer lourdement le propos. Le personnage de Abby ne remue pas les montagnes en terme de mélodrame et accepte ce qu'on penserait inacceptable, et pourtant on la comprend. C'est finalement ce personnage qui aura retenue les larmes que j'attendais, ce traitement distant que j'aurais préféré plus intime, mais soit ; voici s'ouvrir là les portes de Terrence Malick.