Qui sème le vent récolte la tempête.
Un merveilleux tableau.
Quelle absurdité ! Le mondain, cet homme qui se boursoufle de l'arrogance commune à ces gens qui habitent la cité des arts, qui lorgne avec mépris sur les gens et les choses de la campagne, cet homme donc, va s'échouer dans la salle obscure d'un cinéma anonyme pour dévorer la nature brute et belle.
C'est la prouesse d'un homme : Terrence Mallick.
Se promener au coté de Mallick est un ravissement. Sans fards, ni artifices, la nature est tout autour de nous, belle et tangible. Le regard s'attarde sur ces épis gorgés de soleil ; l'oreille poursuit l'oiseau bavard qui s'éloigne ; la main plonge dans l'eau vive et fraîche du ruisseau ; le blé danse sous le vent. Le vent ? Le vent apporte avec lui l'orage, qui gronde à l'horizon, mieux vaut s'abriter. Le paradis originel n'a jamais été perdu, il suffit de franchir le pas de sa porte, d'abandonner la ville.
La dissonance avec l'ouvrage humain est totale. La fonderie dévore l'ouvrier, le tracteur rugit, le travail mécanisé épuise et son semblable nie son existence. L'ouvrier est une machine parmi les machines. Mais dès qu'il retourne vers la nature, il retrouve sa condition d'homme, semble habité d'une joie simple. Une vision naïve mais passionnée et communicative.
Un tableau seulement.
Le paysage pastoral ne peut rien contre la lente marche du temps. Le film s'épuise, cherche son chemin à tâtons et s'embourbe sans jamais convaincre. L'ossature est bien trop frêle, l'histoire qui se joue trop superficielle. Depuis longtemps, la nature a volé la vedette à Richard Gere, penaud et démoralisé. La promenade s'éternise, les jambes sont lourdes, la gorge sèche. L'idylle bucolique devient documentaire asthmatique. La punition biblique n'y changera rien. Les plus indisposés qualifieront Mallick d'ornithologue en puissance. Suprême aveu d'échec, la voix off omniprésente, tache de rattraper la moindre ellipse, le moindre à-coup avec une gaucherie coupable.
Photographe et amoureux de la nature, notre réalisateur champêtre parvient à nous faire jouir de la nature enfermé dans une pièce sans fenêtre. Mais la simple contemplation s'achève souvent en sieste.