Les Seigneurs par Hugo Harnois
Pourquoi, ô grand pourquoi, Oliver Dahan (La Môme, My Own Love Song) s'est-il lancé dans Les Seigneurs ? N'ayons pas d'apriori sur ce film et rappelons le pitch : Orbera, un ancien grand footballeur devenu alcoolique, se voit obligé d'entraîner une petite équipe de Bretagne pour avoir le droit de revoir sa fille.
Le cinéaste n'est pas un fan de foot et cela se sent dès les premières images. Les scènes de match ne sont pas filmées avec passion mais de manière mécanique. Ce n'est pas la stratégie qui compte mais le spectacle, et surtout, ces onze joueurs sur le terrain qui partagent quelque chose : un certain désir de rédemption.
Les Seigneurs est donc ciblé sur ses personnages dont certains font partie des meilleurs comiques de France (Omar, Gad, Dubosc), entraînés par le grand patron : José Garcia. C'est peut-être la plus belle image de ce film, voir toutes ces individualités réunies ensemble pour nous faire rire. Et pour cela, Dahan ne s'est pas creusé la tête puisque chaque humoriste adopte un jeu qu'il connait parfaitement et lui colle à la peau (le branleur, le violent, le terrifié).
Mais comme tout film de foot qui se respecte, Les Seigneurs a une narration type de ce genre cinématographique. Le suspense est de mise et nous tremblons à chaque étape de l'équipe pour sa qualification, qui doit nécessairement passer par une séance de tir au but. Quelques passages ici et là sont drôles par certains gags mais l'ensemble du film ne vole pas à la hauteur des vedettes qui sont à l'affiche. De plus, la romance d'Orbera n'aurait même pas du effleurer l'esprit du scénariste tellement cette dernière est vide de sens.
Alors cette fameuse question reste en suspens. Certains diront que Dahan a choisit de réaliser ce film pour le côté humain de Garcia et son intention de se racheter, mais nous dirons plutôt qu'il s'est trompé de terrain... La volonté de varier les styles est une chose, mais créer une oeuvre réussie en est une autre.