Le désir est beau, l'amour creux, et le décolleté plongeant

Je ne connais que très peu l’histoire de Madame Bovary, je n’ai pas lu le roman de Flaubert, mais je suis évidemment au courant de son statut d’œuvre majeure de la littérature française, et comme je suis un brin taquin et pervers sur les bords cette version italo-allemande a retenue mon attention, car en faire une revisite érotique avec Edwige Fenech dans le rôle titre forcément ça ne pouvait que promettre quelque chose d’émoustillant. En vrai il ne m'en fallait pas plus.


Et en définitive je trouve l’adaptation plutôt sage et moins sulfureuse que prévue, certes on a droit à des séquences dénudées mais le fond du récit me semble plutôt bien respecté, le réalisateur n’en fait pas une toile de fond pour avancer un amas de grossièretés, bien qu’il le réduise quelque peu pour se concentrer principalement sur l’héroïne, il y a une vraie dramaturgie.
Cette Emma Bovary se retrouve piégée dans une condition monotone d’épouse de médecin de province, alors qu’elle ne rêve que de la grande vie, d’émancipations, de luxe, sûre de son pouvoir d’attraction elle va progressivement se laisser aller à un jeu de séduction avec ses prétendants, ne se doutant pas des conséquences.


La reconstitution du XIXème siècle ne manque pas de couleurs chatoyantes pour dépeindre un concept relativement voluptueux tout en gardant une part d’authenticité, il y a un minimum de souci esthétique, des décors aux costumes en passant par l’éclairage, nous avons en effet affaire à une mouture du cinéma bis mais globalement le contenant reste correct, assez pour le prendre au sérieux. Au niveau du casting, on ne va pas se mentir, Edwige Fenech rayonne tellement qu’elle éclipse tout le reste, sa beauté me fascine complètement à chacun de ses films, et ici plus que les autres je trouve (quoique Toutes les couleurs du vice ...), peut-être par l’élégance soulignée, cette femme respire la féminité, à la fois sensuelle, torride et fragile, irrésistible et hypnotisante; cette actrice a d’ailleurs été très souvent cantonnée dans sa carrière à des rôles sexualisés qu’elle a toujours revendiqués et assumés, s’attirant par la même les foudres du militantisme féministe de l’époque, ce qui fait que je l’aime encore plus évidemment ...


Le sexe parlons-en, plutôt discret donc, conformément au caractère érotique voulu, en fait on touche d’avantage aux désirs qu’aux pulsions, on laisse naître l’acte, tranquillement, d’ailleurs pour moi les meilleurs passages du film sont deux séquences de coucherie, la première dans l’atelier de Rodolphe Boulanger et la seconde dans la chambre d’hôtel avec Léon Dupuis. Car au delà d’admirer la plastique somptueuse d’Edwige je trouve que les deux scènes se répondent vis à vis de l’évolution du personnage, de son abandon au plaisir de la chair et à la soumission à son plus complet assouvissement où elle prend le contrôle, "être désirée est la plus belle chose pour une femme, même quand elle n’est pas amoureuse". Et c’est exactement ce sentiment qui va se retourner contre elle, devant faire face aux dettes accumulées elle se rendra compte du désastre semé sur son passage, que l’amour ne se brade pas et qu'elle devra en payer les frais jusqu'à l'indignité.


La fin est par contre confuse, pour ne pas dire ratée, car on ne va tout simplement pas jusqu’au bout.


Les folles nuits de la Bovary est donc une adaptation plutôt libre à prendre j’imagine avec plus ou moins de recul si l’on est un lecteur pointilleux de l’œuvre de Flaubert, personnellement j’ai apprécié la sensualité mêlée au drame, cette notion d’amour vide dans un monde de désespoir, je regrette surtout la faiblesse du traitement des personnages secondaires (à l’exception peut-être celui de M. Lheureux) et la mise en scène bien souvent approximative. Mais rien que pour plonger dans les grands yeux (et le décolleté) d’Edwige l’expérience mérite d’être tentée.

JimBo_Lebowski
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le 14 janv. 2017

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