Étrange ce film, c'est le moins qu'on puisse dire. À mi-chemin entre le Road-Trip et la comédie, il vous inspire et vous invite littéralement dans ces successions de tranches de vie sucrées-salées. Mais si l'ensemble est globalement bon avec même son lot de fulgurances, le rythme est cependant assez inégal; alternant entre scènes véritablement hilarantes et d'autres plus dramatiques avec plus ou moins de réussite.
L'une ou l'autre ne sont pas mauvaises, mais disons plutôt que le passage de l'un à l'autre vous cueille littéralement sous le genoux pour devenir l'élément réellement marquant de ce long métrage.
C'est cette particularité qui vous fera je pense adorer ou prendre du recul, car on passe sans préambule du blanc au noir, et réciproquement, pour accentuer les contrastes de cette Amérique rurale mais courageuse en sacrifiant un brin de régularité.
Le côté cynique et grinçant restera toujours en toile de fond, sublimé parfois par des twists aussi décalés que réussis, mais tous ne sont pas forcément exceptionnels et peut être un peu trop insistants sur les travers contemporains.
Il n'est donc pas rare de faire un parallèle avec des éléments d'actualité, aussi tristes soient-ils; et d'y revenir un peu plus tard.
On ne frôle pas pour autant la corde raide, on ne tombe jamais dans le mauvais goût non plus, mais on se répète un peu.
Voilà, j'ai chipoté.
Quoi qu'il en soit, l'optimisme de cette famille est contagieux et vous éclairera jusqu'à la fin grâce cette adorable petite fille; fédératrice et véritable emblème d'un(e) enfant qu'on a tous été un jour.
Mais elle incarne surtout un joli pied de nez aux préoccupations futiles de notre quotidien: culte de la beauté, de la superficialité, consumérisme outrancier, foi dans les médias ou rejet catégorique de la différence...
Toute la bêtise Américaine se retrouve donc incarnée non pas dans cette famille de losers mais bien dans les personnages croisés par ces anti-héros du quotidien, revêtant ainsi un caractère universel cinglant.
C'est ce que j'ai adoré avec cette deuxième lecture, car si on a tous connu certains moments de lose ultime, le duo Jonathan Dayton et Valerie Faris va vous forcer à voir que cela n'avait pas grande importance au final.
La candeur des personnages principaux, leur marginalité, mais surtout l'extrême douceur des Réalisateurs vous fait adorer la différence et vous donnerait presque une impression de vengeance pour avoir été un jour victime du regard accusateur d'un mouton suiveur.
Non, un peu de folie n'est pas une tare, et peu importe de ne pas ressembler aux canons du genre. L'importance est dans le regard que l'on se porte.
Jolie performance. Joli symbole.
Alors même si j'ai préféré l'approche fantastique / onirique de Jean-Pierre Jeunet dans "La Fabuleuse Histoire d'Amélie Poulain" pour cette alternance de tranches de vies douces-amères, je reconnais volontiers avoir été touché par la justesse des mots et l'approche unique de ce film sur la Vie en général.
Pour le reste, Little Miss Sunshine mise sur la sécurité, avec une mise en scène impeccable mais sans éclat de génie.
Peu importe.
C'est le fond plus que la forme qui primera sur la technique en vous faisant assurément passer un bon moment de second degré, surtout avec cette galerie de personnages tous plus truculents les uns que les autres.
Les situations comiques sont bien trouvées, et insérées avec soin dans cette histoire familiale touchante de bout en bout.
Je vous mets d'ailleurs au défis de trouver le twist final, qui m'a bien fait marrer pour son décalage à deux cent pour cent.
Au final, il reste donc un film à voir, avec ses petits travers, mais surtout avec sa patte unique et sa fraîcheur.
Un bon moment de cinéma, quoi.