Critique : Lock Out (par Cineshow)
En allant voir Lock Out, je n'attendais pas grand-chose. Le fait est que peu m'aurait suffit. Une intrigue convenue mais efficace, quelques scènes d'actions sympathiques, un minimum d'enjeu. Bref, j'étais assez ouvert d'esprit pour apprécier le plus moyen des films mais voilà, les équipes de Luc Besson ont réussi un pari assez incroyable, me faire détester leur film que j'avais pourtant à la base envie d'aimer. Je n'utilise que très rarement le mot détesté mais en l'occurrence, il me parait totalement justifié. Explications !
MS-One, prison située dans l'espace et réputée inviolable permet de maintenir les pires détenus de la terre dans un état de stase. Tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu'au jour où la fille du Président (Maggie Grace) décide de visiter les lieux pour s'assurer que la stase de flingue pas trop les neurones de ces prisonniers. Bien entendu, tout va déraper, les gars vont se réveiller, partir à la recherche de la fille et prendre le contrôle de la prison. Jusque-là, rien de bien nouveau sous le soleil. Face à cette situation de crise, le seul espoir de l'humanité est d'envoyer Guy Pierce sur MS-ONE pour régler la situation, un mec bien badass ambiance rien à foutre, vulgaire et sous perfusion de testostérone (l'ensemble n'est pas sans rappeler New York 1997 de Carpenter). Et voilà, l'histoire est lancée et soyez rassurés, pas une surprise ne viendra perturber la ligne droite bien tracée d'un scénario écrit en mode industriel.
De manière encore plus fragrante dans Lock Out que dans les autres productions Besson comme Colombiana par exemple, l'aspect « usine » à films se fait ressentir. En pompant à droite à gauche sans vergogne quelques bonnes idées, en les injectant à une trame narrative d'une simplicité presque insolente et en les confiant au duo Mather et St. Leger, yes-men carburant visiblement au Red Bull, le résultat ne peut être qu'affligeant. Et il l'est, définitivement. Monté en dépit du bon sens, cadré à la va comme je te pousse le tout sur un rythme empêchant le moindre plan de dépasser 1 seconde, Lock Out est un concentré d'erreurs artistiques annihilant la moindre naissance de plaisir. En outre, la séquence de course poursuite en début de film ressemblant à une cinématique digne d'un mauvais jeu de Playstation première génération donne le ton et le niveau de soin apporté à l'ensemble. On aurait été dans un film d'animation d'un studio français indépendant, pourquoi pas, mais là, c'est un peu fort le café.
Heureusement, face à ce fiasco visuel, Guy Pierce et Maggie Grace sauvent le film de ce qui aurait pu être sans eux une production digne d'un Steven Seagal. Badass comme il le faut, Pierce arrive par le détachement qu'il met vis-à-vis de son rôle à nous faire rire (heureusement) tandis que Grâce apporte la touche féminine mais pas trop nécessaire au genre. Malheureusement, face à eux, la panoplie de méchants détraqués mentaux n'a rien d'originale et n'a de cesse de répéter les actions déjà vue mille fois. Bref, le foutage de guelle est évident et s'assume totalement dans la dernière partie du film, notamment dans les 5 dernières minutes. Sans queue ni tête, expédié sans explication particulier (paf nos deux acteurs sautent de la station depuis l'espace, elle explose, ils atterrissent sur terre en quelques secondes – normal...), la fin de Lock Out est à l'image de son ensemble, un grand doigt d'honneur aux spectateurs.
Je continuerai de défendre Luc Besson pour les films qu'il a réalisé (dans le passé) mais franchement, chaque nouvelle production de sa société semble se moquer des gens à un tel niveau qu'il devient de plus en plus difficile de lui accorder le moindre crédit artistique. En tout état de cause, gardez votre monnaie et évitez Lock Out, l'une des pires bouses de ce début d'année. Voilà, c'est dit.