Le genre de films qui te muscle les sourcils

Que ce soit dit : ce film est un tel ovni psychologique & malsain que je n'émettrai pas d'élucubrations quant au scénario, ce serait vouloir me perdre dans mes propres pensées. Je laisse le soin à @soma , ayant fait un rapport théorique plus que satisfaisant à propos de "Lost Highway", d'initier quiconque aurait la volonté d'appréhender ce projet fondateur de l'univers lynchien.

Non car c'est bien là toute la somme de la subjectivité dont Lynch veut nous faire cadeau. Voici un film réfléchi, qui mène à la recherche extérieure raisonnée & pourtant pleine de passion ; le réalisateur est un maître de cet art, d'ailleurs. Beaucoup de films ont voulu reprendre ce concept d'élargissement du film, comme les très récents "Inception" ou "Prometheus", à cela près que ces deux-là sont purement à chier : la recherche est courte, presque envoyée dans la face d'un spectateur embêté d'avoir dû payer sa place, mais content d'avoir pu taper trois mots dans son moteur de recherche pour effacer toute trace d'insatisfaction. Lynch, lui, excelle en utilisant cette technique, toutefois il faut avouer que ça m'a vaguement irrité de devoir compléter la compréhension du film par moi-même.
Sans avoir vraiment besoin de parler du perfectionnisme lynchien, je me dois néanmoins de reconnaître que le jeu des acteurs est plus que scrupuleusement réussi & les émotions émanées sont admirables. Patricia Arquette, que je trouve plutôt fade dans d'autres interprétations, s'en tire très bien tant au jeu cinématographique qu'au jeu de nudité.
La photographie est incroyablement scrupuleuse & les quelques éléments de schizophrénie difficilement perceptibles au premier visionnage rappellent l'un des successeurs de ce film qu'est le magnifique "Eternal Sunshine". Le clair-obscur est impressionnant, tant par la densité des noirs, en fondus ou dans les couloirs, que par l'excitation paranoïaque des couleurs vives, notamment les éclairs bleus, fissures du dédoublement.

Malgré l'ennui généré par les 2h15 du film, qui combine lenteur, spirale & incompréhension systématique, les renseignements qu'on parvient à se fournir après le visionnage permettent d'apprécier suffisamment l'oeuvre de Lynch. Même si cette dernière libère sa dose d'effroi, de psychose & de perversité, la plupart des scènes sont calmes, très calmes, & engendrent non seulement un ennui certain (voulu par Lynch, je pense), mais aussi des pauses inattendues pour rebondir de plus belle l'instant suivant.
Chef-d'oeuvre psychologique, "Lost Highway" se voit en plus soutenu par une bande-son incroyable, dont chaque titre a un genre différent des autres & accompagne parfaitement la scène à laquelle il est assimilé : Lynch a de très bons goûts musicaux.
Satané
8
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le 6 juin 2012

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