Le début du film décrit l'intemporalité. Les arrêts sur image oniriques s'enchaînent jusqu'à l'explosion. L'histoire se pose, un mariage, Justine (Kirsten Dunst) et son regard dans le vide presque caractéristique, les yeux sur quelque chose d'inaccessible. C'est un peu comme la dépression mélancolique popularisée par Freud, on perd quelque chose d'inconnu. Melancholia, c'est la métaphore de la dépression, de la plus douloureuse qui soit. On y voit l'anhédonie progresser sur fond de planète menaçante. On y voit le désarroi des proches, de la sœur de Justine, Claire (Charlotte Gainsbourg), les aléas de la vie de son père (John Hurt). Justine danse sans sourire, mange sans goût, contemple cet inconnu, cette planète menaçante. Melancholia n'interroge pas seulement sur les symptômes de la dépression, mais aussi sur les vicissitudes de chacun : oublier sa fille pour aller folâtrer, boire un verre de vin en écoutant Beethov, pester sur sa vie passée.
Lars von Trier réalise quelque chose avec Melancholia. C'est un sentiment au fond du ventre qui n'explose que durant les dernières secondes, assommé par ce gigantesque astre bleu. Kirsten Dunst signe certainement son plus beau rôle, sublimé en partie par Wagner.
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